Perrine Vennetier
Médicaments à éviterLa liste noire 2019 de Prescrire
Deux médicaments familiers, le Toplexil (antitussif) et le Décontractyl (décontractant musculaire) rejoignent les rangs des « spécialités à écarter » de la revue Prescrire en ce début 2019.
C'est un rendez-vous rituel. Chaque début d'année, la revue médicale indépendante Prescrire dresse le bilan des médicaments plus dangereux qu'utiles (1). En ce début 2019, plusieurs spécialités ont été ajoutées à cette liste noire :
- La méphénésine (Décontractyl). Ce « myorelaxant » est autorisé en traitement d'appoint des contractures musculaires douloureuses. Son efficacité n’est pas supérieure à celle d’un placebo. En conséquence, ses effets indésirables (somnolences, vomissements, réactions d’hypersensibilité) sont disproportionnés. Même en crème pour application locale (Décontractyl baume), cette substance peut provoquer des atteintes graves de la peau.
- L'oxomémazine (Toplexil, Humex Toux sèche et génériques), est un sirop antitoux bien connu des familles. C’est également un sédatif, qui entraîne somnolence et baisse de la vigilance. Sa notice témoigne du grand nombre et de la variété des autres problèmes qui peuvent être provoqués par ce médicament : troubles de la mémoire ou de la concentration, vertiges, tremblements, confusion, sécheresse de la bouche, troubles de la vue, rétention d'urine, constipation, etc. Pour ces raisons, Que Choisir recommandait déjà de l’éviter en 2016.
- La cimétidine (marque générique) est autorisée pour le traitement du reflux gastro-œsophagien (brûlures d’estomac). Prescrire propose de l’écarter car elle expose à nettement plus d'interactions médicamenteuses que d'autres médicaments de la même classe (dits « antihistaminiques H2 » tels que la ranitidine/Azantac). Pour ces raisons, Que Choisir avait déjà conseillé des solutions alternatives.
- Le trinitrate de glycéryle (Rectogesic) est une pommade utilisée dans les fissures anales. Prescrire conseille de ne pas y avoir recours en raison de sa faible efficacité au regard de forts maux de tête.
- Enfin, Prescrire recommande d’éviter l'ulipristal à 5 mg (Esmya), un médicament autorisé en gynécologie (traitement de tumeurs bénignes de l’utérus) ainsi que l'acide obéticholique (Ocaliva) autorisée en gastro-entérologie pour certaines maladies du foie.
La naloxone au tableau d'honneur
Le bilan des médicaments est aussi l’occasion de distribuer des bons points aux nouveautés pharmaceutiques qui le méritent. En ce début 2019, nulle « Pilule d’or » n’a été attribuée par Prescrire, aucune substance active n’ayant apporté un progrès thérapeutique majeur. En revanche, deux médicaments à base de naxolone – Nalscue et Prenoxad – ont été récompensés. Cette substance active est un antidote : en cas de surdoses d’opioïdes, son administration évite la mort. Jusqu’ici, la naxolone ne pouvait être injectée que par des professionnels de santé… donc éventuellement trop tard. Les deux médicaments distingués cette année mettent la substance directement à disposition des usagers ou de leur entourage : sous forme de spray nasal pour Nalscue ou d’une seringue pour injection intramusculaire pour Prenoxad. L’élargissement et la facilité d’accès ont ainsi été récompensés.
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- Pour être mieux soigné, il faut savoir éviter certains médicaments et trop de médicaments. Nos conseils.
- Le bilan de Prescrire pour 2018 et 2017.
(1) L'intégralité de la liste des médicaments à écarter pour mieux soigner est consultable gratuitement : http://www.prescrire.org/Fr/202/1834/PositionsList.aspx