Anne-Sophie Stamane
MediatorLégion du déshonneur ?
Dans les années 2000, Madeleine Dubois, responsable de la communication chez Servier en même temps qu'élue locale, a fait pression auprès des autorités pour défendre le Mediator. Elle vient d'être promue officier de la Légion d'honneur.
Depuis le 9 janvier, se tient le procès en appel du Mediator. Le moment idéal pour accorder les honneurs de la République à l’ancienne directrice de la communication des laboratoires Servier, Madeleine Dubois. L’agence de presse APMnews signale sa nomination au grade d’officier de la Légion d’honneur, inscrite au Journal officiel du 1er janvier.
En poste chez Servier entre 1985 et 1995, puis de nouveau à partir de 1997, Madeleine Dubois n’était pas pénalement mise en cause lors du procès en première instance. Elle a toutefois été entendue à l’audience, en raison de ses deux interventions auprès de Jean Marimbert, alors directeur de l’Agence du médicament (ANSM, Afssaps à l’époque), qu’elle connaissait depuis un passage au ministère du Travail et des Affaires sociales.
En 2007, alors que le Mediator est sur la sellette, elle lui demande explicitement par e-mail de modifier la diffusion d’un compte rendu défavorable de l’Afssaps. Elle obtient satisfaction. Deux ans plus tard, elle reprend contact pour éviter que le traitement ne soit retiré du marché, en vain cette fois. Questionnée par la présidente du tribunal, elle a affirmé n’avoir aucun souvenir de ses démarches.
Tout en étant au service des laboratoires Servier, Madeleine Dubois s’est lancée dans une carrière politique locale, en Haute-Loire, au début des années 2000. Elle échoue à devenir sénatrice en 2011, mais reste conseillère générale jusqu’en 2021.
Le Mediator, commercialisé en France à partir de 1976, est soupçonné d’avoir entraîné entre 500 et 2 000 décès, selon les estimations.