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Médiateur de l’énergieLes consommateurs passent à la caisse

Prolongeant l’appel de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), le médiateur national de l’énergie a prôné, à l’occasion de la présentation de son rapport annuel d’activité, une hausse des tarifs de l’électricité et une suppression de l’abonnement. Que Choisir ne peut que s’étonner de ces propositions pour le moins surprenantes, voire contre-productives, de la part d’un médiateur d’habitude enclin à défendre les consommateurs.

Depuis l’ouverture des marchés du gaz et de l’électricité à la concurrence, le médiateur national de l’énergie nous avait habitués à défendre les intérêts des consommateurs et formuler des propositions concrètes et utiles face aux pratiques parfois contestables des fournisseurs et des distributeurs d’énergie, et l’UFC-Que Choisir ne pouvait qu’approuver.

Mais cette fois, en écoutant le médiateur présenter son rapport annuel 2012 et certaines propositions sur les tarifs d’électricité, on peut se demander quelle mouche l’a piqué.  En effet, il a défendu deux propositions pas vraiment favorables aux consommateurs.

D’une part dans le contexte économique actuel, comment ne pas s’étonner que le médiateur sorte de sa mission première pour se faire l’avocat de l’augmentation du prix de l’électricité recommandée par la Commission de régulation de l’énergie (CRE), qui se base uniquement sur les données transmises par EDF et, de même, aille jusqu’à fustiger les blocages artificiels des tarifs par les gouvernements successifs ? Quelle que soit la légitimité légale, voire économique, d’une hausse des tarifs de l’électricité, l’UFC-Que Choisir, qui appelle à un audit des coûts d’EDF par la Cour des comptes et un encadrement des hausses sur les cinq années à venir, ne peut que regretter la légitimation sans condition de la hausse demandée par EDF, et le manque d’ambition consumériste de certaines propositions. En effet, sous couvert d’avantager les ménages les plus fragiles, le médiateur propose la suppression de l’abonnement. A priori, l’idée peut paraître séduisante, mais en réalité il y a des coûts fixes incompressibles qu’il faut bien couvrir. Le dérapage du prix du kWh risque de devenir incontrôlé... Ainsi, cette mesure pénaliserait fortement certains ménages précaires qui vivent dans des logements mal isolés et qui consomment donc beaucoup d’électricité.

Il est difficile de faire passer de telles mesures en période de crise alors que la précarité énergétique augmente. Les difficultés à payer sa facture d’énergie concernaient 15 % des dossiers reçus par le médiateur en 2011, 18 % en 2012, mais 25 % depuis le 1er janvier, avec un pic à 34 % en mars. Pour que la hausse du prix de l’électricité qu’il juge inéluctable n’aggrave pas la précarité énergétique, le médiateur préconise une augmentation massive des aides sociales au paiement des factures d’énergie, avec un budget affecté qui passerait de 200 millions à 1 milliard d’euros via le versement d’un chèque énergie aux ménages concernés.

L'avantage du chèque énergie est d’élargir la base des aides à d’autres sources de chaleur comme le fioul ou le bois. Cependant, pour financer le dispositif, le médiateur suggère de recourir à la CSPE, la contribution au service public de l’électricité. Et fait donc porter l’ensemble de la politique d’aide énergétique sur les seuls consommateurs d’électricité qui s’acquittent déjà de 5 milliards d’euros par an au titre de la CSPE… Bref, la conférence de presse du médiateur a eu de quoi surprendre l’UFC-Que Choisir. Souhaitons que ce ne soit qu’une panne d’inspiration… passagère !

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