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MattelBarbie exploiteuse

Des conditions de travail exécrables et dangereuses, des salaires de misère : c’est le lot quotidien des ouvriers chinois travaillant dans les usines des sous-traitants de Mattel. Le fabricant de la célèbre poupée Barbie semble s’obstiner à fermer les yeux sur cette situation désastreuse, révélée par un rapport publié par le syndicat CGT et l’association Peuples solidaires.

Un rapport publié conjointement le 29 novembre par le syndicat CGT et l’association Peuples solidaires fait état de multiples « violations des droits et de l’éthique » dans une usine contrôlée par Mattel et celles de trois de ses sous-traitants en Chine.

L’enquête a été menée par des membres de l’organisation non gouvernementale China Labor Watch (CLW) qui se sont fait recruter comme salariés dans les usines en question en octobre et novembre, période de pointe pour l’industrie du jouet. Heures supplémentaires sous-payées et excessives, travail forcé, salaires insuffisants, mauvaises conditions d’hébergement et d’alimentation, règles disciplinaires abusives, problèmes de santé et de sécurité au travail, les irrégularités constatées sont légion. « Comment prendre au sérieux les déclarations du groupe sur sa politique d’entreprise socialement responsable, vu ce qui se passe sur le terrain ? », s’interroge Fanny Gallois, porte-parole de Peuples solidaires.

L’UFC-Que Choisir, de son côté, a interrogé les dix principaux industriels du jouet et a demandé à visiter leurs usines au premier semestre 2012. Seuls Hasbro et Playmobil ont accepté. Mattel n’a pas donné suite. En termes de transparence, le fabricant américain régresse. Pendant plusieurs années, en effet, il a laissé l’association Icca (International Center for Corporate Accountability) auditer les chaînes de fabrication de ses jouets, avec à la clé la publication de rapports critiques. La réponse traditionnelle de Mattel était de nier les entorses à la loi et à l’éthique ou de les réduire à des dérapages isolés. Le rapport des inspecteurs infiltrés montre qu’elles constituent plutôt un système.

Course au moins-disant social

Selon Sacom, une autre ONG basée à Hong Kong, qui a inspecté des usines de jouets chinoises pour l’UFC-Que Choisir, la filière (qui assume 70 % de la production mondiale) est actuellement dans une période paradoxale. Les salaires et les conditions de travail seraient globalement en voie d’amélioration, mais la concurrence effrénée entre sous-traitants chinois pousserait certains à accepter n’importe quelles conditions pour décrocher des commandes, avec des conséquences inéluctables sur le sort des travailleurs. Les donneurs d’ordre occidentaux entretiendraient cette course au moins-disant social par le mécanisme pervers des enchères inversées (le moins cher emporte le contrat). Le tout pour un gain assez dérisoire, les salaires des ouvriers chinois représentant 1 % à peine du prix de vente des jouets…

Peuples solidaires et la CGT n’appellent pas au boycott de Mattel, mais demandent à la multinationale d’imposer des prix et des délais raisonnables à ses fournisseurs, de s’assurer que des mécanismes de plainte existent dans les usines et, enfin, de publier la liste de l’ensemble de ses fournisseurs, et pas seulement de ses usines.

Erwan Seznec

Erwan Seznec

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