Anne-Sophie Stamane
MasquesUn incontournable de notre nouvelle vie sociale
Pour notre 4e étude relative au confinement, qui tombait en pleins préparatifs pour le déconfinement, nous avons intégré les masques dans notre questionnaire diffusé via notre newsletter hebdomadaire. 7 160 personnes ont répondu. En avez-vous trouvé dans le commerce, et si oui, combien les avez-vous payés ? En avez-vous cousu ? Les portez-vous souvent ? Maîtrisez-vous les règles pour vous en servir correctement ? Voici quelques éléments de réponse.
Quel genre de masques utilisez-vous ?
Nos répondants n’ont pas baissé les bras devant la pénurie de masques rencontrée dans les commerces. La semaine de notre enquête, 43 % n’avaient pas trouvé leur bonheur en magasin ou en pharmacie, qu’à cela ne tienne : le matériel de couture a été mis à profit pour confectionner des masques en tissu maison. 53 % détenaient des masques de ce type. Il faut dire que sous l’impulsion de l’Afnor, qui a rapidement publié patrons et recommandations de réalisation, les tutoriels ont fleuri sur Internet pour aider à se débrouiller avec les moyens du bord. En ajoutant les masques en tissu achetés dans le commerce ou fournis par une collectivité, les trois-quarts de notre panel se sont trouvés dotés de masques en tissu.
38 % ont déclaré disposer de masques jetables chirurgicaux, à savoir les masques recommandés en population pour limiter la propagation du coronavirus. Sachant qu’il est bien entendu possible d’avoir et d’utiliser masques en tissu et masques jetables ! Notons que 12 % des personnes confient ne pas s’être équipées de masques : par choix ou par impossibilité de s’en procurer ? Une prochaine enquête éclairera ce point.
Le port du masque
Les foyers français ne sont pas coutumiers du masque. Jusqu’alors, même lors des épidémies hivernales de grippe, le port du masque n’était ni recommandé, ni pratiqué. Mais vous êtes désormais 80 % à juger qu’il doit être rendu obligatoire, même si vous êtes 90 % à le trouver inconfortable. Nous sommes en plein apprentissage ! Faut-il le porter même dans la rue, ou seulement en intérieur ? Vos réponses montrent toute la diversité des utilisations actuelles.
Si 30 % le mettent systématiquement et 26 % « le plus souvent possible » lors de leurs sorties, 23 % s’en contentent de temps en temps et 21 % n’ont pas changé leurs habitudes et n’en portent tout simplement jamais ! Deux éléments ressortent de notre étude : les plus jeunes, peu touchés par le virus, négligent plus souvent le masque et ne jugent pas toujours utile d’en porter pour protéger les autres ; les femmes sont plus nombreuses à l’utiliser que les hommes. Ces derniers meurent pourtant davantage du Covid-19, sans qu’on sache si c’est parce qu’ils y sont plus exposés, parce qu’ils y sont plus sensibles ou parce qu’ils présentent des maladies les rendant plus fragiles.
Le masque est utilisé en moyenne, chez nos répondants, 1 h 30 par semaine. Cela correspond grosso modo à la durée nécessaire pour faire les courses.
Le bon usage des masques
L’efficacité du masque dépend de ses capacités intrinsèques de filtration, mais pas seulement. Le comportement de la personne qui l’utilise a une part prépondérante. Nos répondants ont, dans leur grande majorité, compris qu’il fallait impérativement se laver les mains avant de le mettre, et après l’avoir enlevé. Ne pas le toucher en permanence, sous peine de le contaminer avec les mains, est également un impératif intégré. Pour l’entretien du masque, les pratiques sont plus nettement affranchies des recommandations officielles. Pour la version tissu, le lavage n’est systématique que pour 42 % des personnes interrogées. Certes, s’il a été peu porté, un masque peut être mis de côté quelques jours (dans un sac ou sur un crochet à l’air libre), et remis ensuite, le coronavirus ne survivant que peu de temps. Mais il faut tout de même veiller à ce qu’il soit propre, en dehors du coronavirus ! Le lavage systématique à 60 °C n’est pas non plus respecté. Il faut dire que lancer le lave-linge pour quelques masques est contraignant, sans compter que nul ne sait combien de temps un programme à 60 °C maintient réellement cette température pendant le cycle… Quelle que soit la méthode adoptée, l’idéal est de s’approcher le plus possible des standards : eau bien chaude, savon ou détergent, et action mécanique de frottement sont les trois piliers d’un nettoyage optimal. Le séchage doit être rapide, donc de préférence en sèche-linge ou au sèche-cheveux. Là encore, nos répondants zappent volontiers cette étape.
Quant aux masques jetables chirurgicaux, un quart seulement dit les jeter automatiquement. Au prix où ils sont vendus, les utiliser plusieurs fois est en effet tentant, surtout quand la durée d’utilisation est brève. Si une désinfection est possible en les mettant de côté quelques jours ou en les passant au four à 70 °C pendant 30 minutes, n’oubliez pas que d’autres bactéries ou moisissures peuvent souiller le masque et le rendre inutilisable. La réutilisation doit être limitée au maximum.
L’achat de masques
Trop coûteux, et encore difficiles d’accès : malgré leur utilité, les masques supposent un réel investissement de la part des consommateurs.
Même avec l’arrivée des masques chirurgicaux dans les grandes surfaces et les pharmacies, il n’est pas évident de s’en procurer, quel que soit le type : un quart de nos répondants a essayé d’acheter des masques en tissu ou jetables pendant la 1re semaine de mai, mais n’en a pas trouvé. La situation s’est depuis améliorée, mais il se peut que dans des agglomérations petites ou moyennes, de faible densité commerciale, l’accès aux masques soit encore difficile.
Pour les masques en tissu, l’achat s’est surtout fait en pharmacie, pour un prix moyen de 5,90 € pièce. Le coût est nettement moindre en grande surface, mais l’achat, plus rare. Notons que le marquage Afnor, garantissant un certain nombre de lavages, n’est présent que dans 28 % des cas. Le plus souvent, l’acheteur ne dispose d’aucune indication sur le nombre de réutilisations possibles.
Les masques chirurgicaux ont plutôt été achetés en grande surface, pour un prix moyen à l’unité de 62 centimes d’euros. En pharmacie, le prix s’approche du maximum officiel. Près de 1 € le masque utilisable 4 h, mieux vaut ne pas en avoir besoin en permanence ! 86 % de nos répondants estiment à juste titre que les masques sont trop chers.