Anne-Sophie Stamane
Vous pouvez les laver et les réutiliser !
Notre test express sur 3 modèles achetés en grandes surfaces et en parapharmacie montre qu’après 10 lavages en machine à 60 °C, les masques chirurgicaux, théoriquement à usage unique, gardent d’excellentes capacités de filtration.
Bonne nouvelle pour le porte-monnaie et la planète ! Les masques chirurgicaux, normalement destinés à être jetés après 4 h d’utilisation, conservent de très bonnes capacités de filtration après 10 lavages en machine à 60 °C. C’est l’enseignement du test que nous avons réalisé sur 3 modèles achetés en grandes surfaces et en parapharmacie. Les masques restent également suffisamment respirables pour être portés plusieurs heures sans trop d’inconfort. Au final, même en ayant subi plusieurs cycles de lavage, ils sont bien au-dessus des exigences minimales des masques en tissu portant la garantie filtration officielle Afnor/DGA qui nous ont servi de référence.
* Les résultats de ces deux masques sont communiqués à titre indicatif
Filtration : Conforme à Afnor catégorie 2 Conforme à Afnor catégorie 1
Respirabilité : Faible Excellente
Dans le détail, deux des masques mis à l’épreuve étaient des chirurgicaux véritables, revendiquant la norme EN 14683 et s’affichant de type 1 assurant 95 % d’efficacité de filtration bactérienne. Le 3e, acheté en parapharmacie, ne prétendait pas être plus qu’un masque « de confort » et n’arborait aucun marquage officiel, mais ressemblait à s’y méprendre à un masque chirurgical.
À l’état neuf, les 3 masques arrêtaient plus de 98 % des particules de plus de 3 µm, soit bien au-delà des 90 % des masques en tissu les plus filtrants, notre point de repère.
Après 10 lavages, et autant de passages au sèche-linge et de repassages doux au plus faible réglage du fer, leurs capacités de filtration se sont maintenues à un niveau suffisant pour un usage grand public : 100 % pour l’un des chirurgicaux, 90 % pour le second et 98 % pour le masque de confort. Les attaches sont restées intègres. En dépit d’un léger feutrage, les masques chirurgicaux lavés font donc jeu égal, et au-delà, avec les plus performants des masques en tissu portant la garantie Afnor/DGA.
Côté respirabilité, surprise, un des masques chirurgicaux ne remplissait pas les exigences des masques en tissu de la garantie officielle, à neuf comme après lavages, mais s’en approchait suffisamment pour assurer un usage confortable lors d’activités calmes. Les deux autres modèles se situaient très au-delà du minimum requis.
Nos résultats confirment ce que des chercheurs avaient déjà découvert, sans toutefois publier le résultat de leurs expériences. Contrairement aux consignes officielles, la réutilisation des masques chirurgicaux pour un usage non médical est donc envisageable sans compromettre leurs performances, y compris après passage au lave-linge. Ils se hissent au niveau des masques en tissu lavables 10 fois, tout en étant nettement moins coûteux à l’unité.
Pour l’environnement, la réutilisation est également salutaire, les masques chirurgicaux étant constitués de plastiques non recyclables. Le lavage des masques chirurgicaux rejoint au chapitre des méthodes de réutilisation celle des enveloppes, tout aussi efficace mais demandant plus de temps et d’organisation, puisqu’il s’agit de remiser les masques une semaine, le temps que le virus s’inactive.
Le protocole de notre test
En nous basant sur les recommandations pour les masques grand public, nous nous sommes assurés de la bonne respirabilité (résistance respiratoire selon la norme ISO 9237) et de l’efficacité de filtration (résistance à la pénétration de particules de plus de 3 µm) des masques à neuf et après 10 lavages à 60 °C. Après chaque lavage, les masques ont été séchés au sèche-linge puis repassés au fer doux. La bonne tenue des brides a été vérifiée à chaque cycle.
Gabrielle Théry
Rédactrice technique