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Marketing santéLa fin des fausses promesses ?

« Source de fibres », « riche en magnésium », « contribue à réduire la fatigue »… Jusqu’à récemment, les promesses nutritionnelles trompeuses étaient fréquentes dans les rayons des supermarchés. Bonne nouvelle : la DGCCRF semble avoir fait un peu de ménage. Mais il reste des raisons de se méfier.

Enfin du progrès ! Face à la prolifération anarchique du marketing santé dans les rayons des supermarchés, un peu d’ordre semble avoir enfin été apporté par les services de la Répression des fraudes (DGCCRF). En 2021, nous dénoncions en effet, analyse de dizaines de produits à l’appui, les nombreuses allégations de santé trompeuses présentes sur les étiquettes des aliments. Parmi elles, notamment, des produits se présentant comme sources de certains nutriments (fibres, calcium, vitamine C…) alors qu’ils n’en contenaient pas, par portion, la quantité minimale exigée par le règlement européen pour justifier une telle promesse.

Il semble que, sur cette question, les choses aient évolué pour le mieux. Parmi les marques mises en cause à l’époque qui commercialisent encore ces produits, la plupart ont en effet réagi : Bjorg et BN ont retiré les allégations problématiques de leurs biscuits ; Mondelez (Prince de Lu) et Leclerc (barres de céréales Marque Repère) assurent avoir prévu de mettre très bientôt à jour leurs étiquettes. Seule la société Twinings & Co, propriétaire d’Ovomaltine, ne s’est toujours pas engagée à retirer l’allégation « source de 3 minéraux » de ses barres chocolatées.

Ces barres chocolatées, qui cachent un Nutri-Score E (1), se donnent une image positive en se prétendant "source de 3 minéraux", alors qu'elles en contiennent bien moins que ce que la loi exige pour justifier une telle promesse.

Plusieurs rappels à l’ordre

Trois ans après la publication de notre dossier, et longtemps après l’apparition des premières promesses trompeuses sur les emballages de best-sellers de l’industrie agroalimentaire, la DGCCRF aurait-elle donc enfin pris le problème à bras-le-corps ? Mondelez reconnaît en tout cas à demi-mot avoir été récemment rappelé à l’ordre par cette dernière, et le groupe Altho (qui fabrique notamment les chips Bret’s) évoquait en novembre dernier plusieurs entreprises dans le même cas. De quoi espérer un peu de ménage en rayons dans les mois à venir…

Mais cette bonne nouvelle doit être relativisée. Car le problème principal lié à ce marketing « santé » est qu’il sert souvent à donner une image saine à des produits qui ne le sont pas. Pour limiter ce risque, un règlement européen adopté en 2006 prévoyait la définition par la Commission européenne, au plus tard en 2009, de critères d’équilibre nutritionnel à respecter pour pouvoir formuler des promesses du type « source de fibres » ou « riche en vitamine C ». mais ces critères n’ont jamais été adoptés, suite à une « forte opposition de quelques États membres » et des « secteurs du chocolat, de la confiserie et de la boulangerie », justifiait Bruxelles en mars 2021. Danone peut donc encore, sans risque d’être inquiété, afficher en énormes caractères l’expression « défenses immunitaires » sur l’emballage de ses boissons Actimel multifruits, au Nutri-Score E (1) : le fabricant y ajoute en effet la dose exacte de vitamine D nécessaire à l’apposition de cette allégation… et tant pis si ce produit est 2 fois plus calorique que le Coca-Cola !

En Allemagne, Dr. Oetker condamné

Un muesli au chocolat très sucré, présenté comme une « source de magnésium » qui « contribue à réduire la fatigue »… en Allemagne aussi, les fabricants prennent parfois les consommateurs pour des jambons. Le groupe Dr. Oetker, qui commercialise ce produit, s’est vu condamner pour « allégation trompeuse » en décembre dernier, du fait d’une quantité de magnésium insuffisante pour justifier cette belle promesse. L’entreprise, qui a fait appel de cette décision, a déjà modifié son produit en conséquence, mais au lieu de retirer son allégation… elle a simplement doublé la taille de la portion recommandée sur ses emballages.


(1) Nutri-Score calculé à l’aide du nouvel algorithme, qui devrait entrer en vigueur en France dans les prochaines semaines.

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