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MaPrimeRénov’Tout ce qui va changer en 2024

Les évolutions de MaPrimeRénov’ en 2024 ont été présentées. Dotée d’un budget qui s’élèvera à 5 milliards d’euros grâce à une forte rallonge de 1,6 milliard, le dispositif va se concentrer sur les rénovations « d’ampleur », sur les pompes à chaleur air-eau et sur le confort d’été.

À compter du 1er janvier 2024, il ne faudra plus compter sur MaPrimeRénov’ pour changer ses fenêtres, isoler ses combles ou encore son sous-sol. La politique du « monogeste » de travaux qui a fait son succès jusqu’à présent, c’est fini. Cap désormais, pour reprendre le terme du ministre de la Transition écologique Christophe Béchu, sur les rénovations « d’ampleur » des passoires énergétiques, autrement dit des maisons classées F ou G par le diagnostic de performance énergétique (DPE), avec un objectif de 200 000 rénovations de ce type sur l’année.

Jusqu’à 70 000 €

Les ménages candidats doivent a minima viser le gain de 2 classes sur le DPE, avec au moins deux postes en isolation et un en ventilation. Ils bénéficieront d’une aide substantielle et d’un soutien personnalisé de Mon accompagnateur Rénov’ pour le suivi des travaux et les aides financières. Si le dispositif est également ouvert aux logements classés E ou D, il s’adresse avant tout aux passoires énergétiques.

Pour un ménage aux revenus très modestes, jusqu’à 70 000 € de travaux pourront être pris en charge en cas de rénovation performante, soit un saut de 4 classes sur le DPE, menant en B pour une passoire notée F, en C si elle se trouve en G, ce financement étant toutefois limité à 90 % du coût total dans le meilleur des cas. Le gouvernement compte sur le prêt à taux zéro pour compléter, sachant que les économies d’énergie rembourseront largement les mensualités. Reste à savoir si les ménages à très faibles revenus pourront en souscrire.

Les autres ménages auront aussi droit à MaPrimeRénov’ pour des rénovations d’ampleur, dans des proportions moindres.

Écodélinquants

Pour tenter de mettre fin aux fraudes massives qui gangrènent le secteur des rénovations globales, le gouvernement confie cette fois tous les financements à l’Anah, c’est-à-dire la valorisation des certificats d’économie d’énergie associés à ces opérations et qui en paient une partie, en plus de MaPrimeRénov’. Même si les écodélinquants s’adaptent très vite, on peut espérer que ce guichet unique pour les particuliers assainisse ce marché de la rénovation. Le principal problème reste que Mon accompagnateur Rénov’ n’aura pas d’obligation de résultat quant à l’efficacité des travaux. C’est une occasion ratée de redonner confiance aux ménages.

Pompes à chaleur

L’autre gros volet de MaPrimeRénov’ 2024 concerne le remplacement des chaudières à fioul ou à gaz par des pompes à chaleur air-eau, géothermiques ou par un raccordement à un réseau de chaleur urbain. Le montant actuel de l’aide augmente de 1 000 à 2 000 € selon les revenus. Le gouvernement semble enfin avoir pris conscience de l’absurdité qu’il y avait à installer des pompes à chaleur air-eau dans des passoires thermiques, car cette aide n’est plus disponible si le logement est mal isolé. Le gouvernement a même décidé qu’un DPE devra être réalisé pour que l’Anah valide la demande, ou réoriente le ménage vers une rénovation d’ampleur. C’est assurément un progrès, mais il ne règle en rien les dégâts déjà provoqués par les offres à 1 € qui ont remplacé de nombreuses chaudières fioul par une pompe à chaleur. Le Syndicat national de la maintenance et des services en efficacité énergétique a lancé l’alerte avant l’été sur la situation des ménages modestes. Ses adhérents constatent « une recrudescence du nombre de bénéficiaires des aides confrontés à des difficultés financières pour prendre en charge les réparations de leur installation, souvent des pompes à chaleur qui n’ont pas été mises en service par un professionnel, […] de plus en plus de foyers précaires ont du mal à honorer ces paiements ».

Enfin, le confort d’été sera soutenu pour soulager les propriétaires de « bouilloires thermiques ». Auront droit à MaPrimeRénov’ ventilateurs, protections solaires des fenêtres et portes-fenêtres, et même pompes à chaleur air-air réversibles, ce qui ne manque pas de sel quand on sait que la climatisation aggrave le réchauffement climatique !

Rénovation d’ampleur, un nouveau concept qui manque d’ampleur

Jusqu’à présent, on parlait de rénovation globale qui portait sur la plupart des postes de travaux et de rénovation BBC (bâtiment basse consommation), la plus exigeante. Voilà que les deux passent à la trappe pour inventer une « rénovation d’ampleur » peu ambitieuse. Amener des logements de G en E et de F en D, ça revient à interdire les premiers à la location en 2034, échéance à laquelle le D représentera ce qu’il y a de plus énergivore sur ce marché locatif ! Se contenter d’une vision à si court terme quand on doit atteindre la neutralité carbone en 2050 ne semble pas très opportun.

Élisabeth Chesnais

Élisabeth Chesnais

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