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MaltraitanceAgir et non réagir

Les propositions du gouvernement pour enrayer le phénomène de maltraitance dans les maisons de retraite ne ressemblent pas au plan ambitieux que la situation exige.

« La réponse flash des pouvoirs publics aux reportages sur la maltraitance en maison de retraite n'est pas la bonne », déclare Claude Evin, au nom de la Fédération hospitalière de France (FHF) qu'il préside. C'est d'ailleurs le message transmis par les professionnels du secteur au gouvernement. À leurs yeux, la maltraitance est un risque, à traiter comme tel. Lancer des enquêtes inopinées et mettre en place un numéro d'appel unique ne préviendra pas la maltraitance, cela permettra seulement de la constater. Pour faire face, et trouver de vraies réponses, la FHF va mettre en place des indicateurs nationaux qu'elle rendra publics. Ces « clignotants » d'alerte seront entre autres basés sur le taux d'encadrement et de présence médicale, les postes de direction non pourvus et la formation des personnels. L'UFC-Que Choisir a suggéré d'y ajouter l'existence du Conseil de vie sociale (auquel participent familles, résidents et personnel) ; bien qu'obligatoire, cet organe était absent dans un tiers des établissements visités lors de notre dernière enquête.

Des indicateurs transparents

Même si l'idée ne semble pas ravir les pouvoirs publics, la FHF publiera ces indicateurs en février 2009 afin d'informer les familles en toute transparence. L'idée serait d'expliquer ce que signifient ces taux d'encadrement (qui varient en moyenne de 0,4 à 0,6), ce qu'ils permettent de faire, et aussi... de ne pas faire. Une ex-directrice de maison de retraite témoigne : « Quand je suis arrivée dans mon établissement, le taux d'encadrement était de 0,2. C'est très faible. J'ai invité les familles et ensuite la presse en expliquant qu'avec aussi peu de moyens, on ne pouvait, par exemple, pas faire une "grande" toilette tous les jours et que le week-end ce ne serait qu'une "petite> toilette. »

La FHF souhaite voir renforcée la présence médicale (actuellement de 0,2 par structure) indispensable vu les polypathologies et troubles du comportement des résidents accueillis, et permettre l'intervention des équipes mobiles de soins palliatifs en maison de retraite. « Nos propositions tiennent compte du vécu des personnels en établissement », a conclu Claude Evin, qui a également dénoncé l'absence de lits de soins de suite sur le territoire : « La maltraitance n'est pas que liée au personnel ou à une mauvaise gestion ; elle est aussi due aux ruptures de soins et à l'absence de soins gériatriques de qualité. »

À noter que l'association AVVEC, qui regroupe des familles et des directeurs d'établissement, a saisi le procureur de la République de Meaux contre les effets de la politique de l'État. Celui-là même qui avait été saisi par la secrétaire d'État aux Personnes âgées, Valérie Létard, après la diffusion des reportages sur la maltraitance...

Micaëlla Moran

Micaëlla Moran

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