Anne-Sophie Stamane
Déremboursement décidé
Depuis longtemps, on les savait inutiles, voire dangereux : les médicaments utilisés dans la maladie d’Alzheimer ne seront plus remboursés à partir du 1er août prochain.
À partir du 1er août prochain, les médicaments actuellement prescrits dans la maladie d’Alzheimer ne seront plus remboursés. Il s’agit de l’Aricept (donépézil) et de ses génériques, de l’Ebixa (mémantine) et de ses génériques, de l’Exelon (rivastigmine) et de ses génériques, ainsi que du Reminyl (galentamine) et de ses génériques. Cette décision, prise par la ministre de la Santé Agnès Buzin, est la conséquence logique d’une récente réévaluation par la Haute Autorité de santé (HAS). Sans surprise, le nouvel examen du rapport bénéfices/risques de ces quatre spécialités a conclu à un très petit effet sur la maladie, surtout à long terme, en contrepartie d’effets secondaires digestifs, cardiovasculaires et neuropsychiatriques graves au point, parfois, d’obliger à l’arrêt du traitement.
Le débat sur les médicaments luttant contre la maladie d’Alzheimer n’est pas nouveau. Leur faiblesse est connue depuis plusieurs années, mais en raison de fortes résistances du côté des gériatres et des neurologues, ainsi que de l’association de patients France Alzheimer, les autorités de santé n’avaient pas, jusque-là, osé prendre le taureau par les cornes pour les sortir de la prise en charge nationale. L’argument des sociétés savantes et de l’association France Alzheimer pour conserver les médicaments dans l’arsenal thérapeutique ? Les médicaments structureraient la prise en charge de la maladie, et permettraient de conserver un lien entre le patient et le médecin ! Drôle de conception de la place d’un médicament, qui ne repose plus sur son action chimique mais sur son rôle social…
Il est vrai toutefois que la prise en charge des démences (Alzheimer, Parkinson, etc.) souffre de carences fortes, et nécessiterait une mobilisation et des moyens plus importants de la part des pouvoirs publics. Agnès Buzyn a promis qu’un effort serait fait pour améliorer l’encadrement médical des patients et pour soulager l’entourage des personnes malades.