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Maison de retraiteUn échec et une alternative

De l’utilité de faire des expérimentations. Ou comment un rapport de l’Igas, sur la réintégration des médicaments dans les forfaits soins des maisons de retraite, pointe les risques du système. Et prône une autre solution pour améliorer la santé des résidents et maîtriser les dépenses de santé.

L’expérimentation, qui s’est déroulée dans 276 maisons de retraite volontaires, devait faire baisser les prises de médicaments des personnes âgées – qui provoquent des accidents dits « iatrogènes » – et engendrer des économies pour l’assurance maladie (lire notre article). Mais l’évaluation que vient d’en faire l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) est plutôt négative. Il y a certes des avancées, comme l’utilité du pharmacien référent, l’implication du directeur et des équipes ou le principe d’une liste préférentielle de médicaments servant de guide aux professionnels et les incitant à utiliser des génériques. Tout cela mérite d’être concrétisé dans les textes, selon l’Igas. Mais celle-ci pointe surtout les lourdeurs et complexités du dispositif, sans omettre les risques qu’il fait planer.

Calculs à revoir

Définir l’enveloppe « médicaments » est une charge de travail extrêmement lourde, et les modalités de calcul choisies sont soit inapplicables ou inadaptées (calcul en fonction des consommations antérieures), soit impossibles à mettre en œuvre (l’instrument servant de base au calcul de la dépendance, baptisé « pathos », étant en cours de rénovation). Quant à l’élaboration de la « liste en sus », celle des médicaments très onéreux liés à certaines pathologies, elle n’est guère plus aisée à établir. Plus grave, ce système pourrait entraîner des refus d’admission de consommateurs de médicaments coûteux (ce qui s’est déjà produit dans des établissements ayant leur propre pharmacie interne) ou des hospitalisations indues (ces résidents étant orientés vers l’hôpital avec les coûts induits, dont le transport sanitaire). Cela peut aussi inciter les maisons de retraite à créer des groupements de coopération sociale et médico-sociale pour avoir une pharmacie interne, entraînant, dans les zones rurales, la disparition des officines. Avec des effets non négligeables et coûteux sur la santé publique.

Alternative imaginative

Aux yeux de l’Igas, le jeu n’en vaut pas la chandelle. Pourquoi ne pas plutôt envisager des engagements contractuels entre les maisons de retraite (les Ehpad - Établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes), les agences régionales de santé (les ARS) et les caisses d’assurance maladie ? Les établissements qui amélioreraient les prescriptions et le bon usage des médicaments, entraînant de fait des effets positifs sur la santé des résidents et une baisse des coûts totaux de médicaments consommés, récupéreraient une partie des gains ainsi réalisés par l’Assurance maladie. Une incitation intelligente et motivante pour tous, que l’Igas suggère d’introduire dès janvier 2011. Les pouvoirs publics, qui, dans un premier temps avaient décidé de prolonger l’expérimentation jusqu’en 2013, suivront-ils ces judicieux conseils ?

Micaëlla Moran

Micaëlla Moran

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