Anne-Sophie Stamane
Lunettes sur InternetUn pas de plus
Commander des lunettes sur Internet, c’est possible mais difficile, car il faut connaître l’écart pupillaire pour que les verres soient correctement centrés. Depuis hier, la loi oblige les ophtalmologistes à inscrire l’écart pupillaire sur l’ordonnance.
C’est une conséquence directe de la loi sur la consommation du 17 mars 2014 : depuis hier, 18 septembre, les ophtalmologistes sont tenus d’inscrire sur les ordonnances de verres correcteurs l’écart pupillaire, indispensable pour façonner et centrer correctement les verres.
Cette disposition vise à faciliter l’achat de lunettes sur Internet, où les prix sont plus attractifs qu’en magasin. En effet, sans l’écart pupillaire exact, il n’est pas évident de se lancer. Certes, effectuer la mesure soi-même, au petit bonheur la chance, n’est pas impossible, mais le risque est grand de se retrouver avec des verres mal centrés, et donc des lunettes très inconfortables. Certains sites de vente en ligne ont développé des logiciels permettant de calculer la valeur à partir d’une photo, mais rien ne vaut la mesure directe.
Jusque-là, l’écart pupillaire était établi par l’opticien après avoir choisi une monture. Désormais, le patient devrait avoir l’information entre les mains. À condition que les ophtalmologistes y mettent un peu du leur : certains affirment que cela leur prendra trop de temps, d’autres disent qu’ils ne sont pas équipés pour effectuer cette mesure. Une mauvaise volonté favorisée par la loi, puisqu’aucune sanction n’est prévue en cas de manquement.
Il n’est pas certain non plus que la connaissance de l’écart pupillaire suffise à convaincre les consommateurs de franchir le pas. Car d’autres obstacles s’opposent à l’achat en ligne, et le choix de la monture sans l’essayer n’est pas des moindres. Même si, bien sûr, rien n’empêche d’essayer une paire de lunettes en magasin puis de la commander en ligne…
L’ajustement des branches après l’assemblage des verres est également un élément très important pour le confort, or c’est une opération qui ne se réalise qu’en magasin. Demander à un opticien de rectifier une monture achetée sur Internet sera toujours possible. Mais nul doute qu’à la longue, la profession rechignera, ou finira par faire payer cette prestation qu’elle assure pour le moment gratuitement.