Anne-Sophie Stamane
Vous et votre kiné
Le recours à la kinésithérapie est répandu dans notre système de soins. Bronchiolite du nourrisson, rééducation après une fracture ou un accouchement, réadaptation cardiaque, de nombreuses situations amènent à consulter. Vous avez été près de 4 000 à partager votre expérience après être passés entre les mains d’un kinésithérapeute.
Avant la première séance
Les masseurs-kinésithérapeutes sont, comme les infirmiers, les pédicures-podologues ou les orthophonistes, des auxiliaires médicaux. Ils exercent en cabinet libéral ou en institution (hôpital, maison de retraite, etc.). On les sollicite sur prescription du médecin traitant, c’est pourquoi l’écrasante majorité des personnes ayant vu un masseur-kinésithérapeute les deux années passées, et ayant répondu à notre questionnaire (3 814 personnes exactement), disposaient d’une ordonnance. Ce système explique aussi pourquoi les patients demandent conseil à leur médecin dans un tiers des cas pour choisir leur kinésithérapeute. Notons toutefois le rôle non négligeable de l’entourage et d’Internet, le choix du kinésithérapeute restant libre.
Il est possible de consulter un masseur-kinésithérapeute sans ordonnance, par exemple pour des soins esthétiques sur une cicatrice, pour un massage de détente ou pour un traitement contre la cellulite. Mais dans ce cas, les soins ne sont pas pris en charge par l’assurance maladie. Avec une prescription, l’assurance maladie couvre 60 % du coût des séances, la complémentaire santé, le reste.
Les séances
La pratique professionnelle veut qu’au premier rendez-vous, le kinésithérapeute examine son patient, fasse un bilan et propose une trame thérapeutique. Si l’ordonnance du médecin est correctement rédigée, selon les règles en vigueur, le kinésithérapeute peut même être amené à décider du nombre de séances à réaliser. Il doit dans tous les cas informer son patient de ce qu’il compte faire et de la durée du traitement. Ce n’est pas toujours le cas. Même si beaucoup de kinésithérapeutes font part de leurs intentions à leurs patients, il y a encore une nette marge de progression. Surtout, ils donnent peu d’éléments sur le coût des séances, l’échelonnement du paiement des séances et les éventuels dépassements d’honoraires. Dans certaines zones où les dépassements sont courants et importants, ces informations sont pourtant capitales.
La présence du praticien
C’est un des reproches qui ressort de notre étude : les patients comprennent mal pourquoi certains kinésithérapeutes s’absentent lors de la séance, voire se contentent de leur donner des consignes en début de rendez-vous et les abandonnent à leurs exercices pour s’occuper d’autres patients. Ils se sentent négligés. Dans 50 % des cas, les kinésithérapeutes reçoivent plusieurs patients en même temps.
En réalité, c’est légal. L’avantage, c’est que ces praticiens ne demandent, en général, pas de dépassements d’honoraires. Ces situations se rencontrent dans les cabinets équipés de vélos ou de bassin : les patients ont alors une relative autonomie. Les femmes qui ont besoin d’une rééducation périnéale après un accouchement sont aussi souvent laissées seules.
Tarifs et dépassements
La très grande majorité des kinésithérapeutes respectent les tarifs de l’assurance maladie, et c’est bien le moins, puisqu’ils y sont contraints par la convention qui les lie à la Sécurité sociale. Il y a cependant des zones où ce n’est pas le cas. À Paris, les praticiens dérogent allègrement à la règle, en abusant du « dépassement pour exigence » alors même que le patient n’exige rien du tout.
Les personnes qui ont répondu à notre questionnaire n’ont pas vu si les tarifs étaient affichés dans la salle d’attente ou dans la salle de soins. L’affichage des principaux soins réalisés est obligatoire.
Isabelle Bourcier
Observatoire de la consommation