Morgan Bourven
Jeux vidéoAprès Microsoft, Sony se lance dans l’abonnement
Sony a lancé le 23 juin la nouvelle version de son service d’abonnement, qui permet d’accéder à plusieurs centaines de jeux en ligne pour une quinzaine d’euros par mois. Une réponse au Xbox Game Pass de Microsoft, qui a révolutionné la façon de consommer des jeux vidéo.
Le plaisir de déballer une cartouche ou un CD de jeu vidéo va-t-il bientôt faire partie du passé ? À l’instar des géants du streaming vidéo comme Netflix ou Disney+, les grands noms du jeu vidéo misent sur l’abonnement pour fidéliser les joueurs et générer des revenus récurrents.
Parmi les constructeurs de consoles, Microsoft a été le premier à se lancer sur ce créneau avec le Xbox Game Pass. Il permet, pour 9,99 € par mois, d’accéder en illimité à environ 300 jeux. Pour 3 € de plus, l’abonnement Ultimate permet de jouer à un catalogue plus étoffé (450 jeux) en streaming, c’est-à-dire sans avoir besoin de les télécharger sur sa machine. Lancé en 2017, le Game Pass comptait 25 millions d’abonnés en janvier 2022, selon Microsoft.
La nouvelle proposition Playstation Plus de Sony, lancée ce jeudi, se veut être une réponse au service du géant américain. Depuis 2010, le Playstation Plus – 47 millions d’abonnés – servait principalement à jouer en ligne, sur des titres comme FIFA ou Call of Duty. En parallèle, Sony proposait un autre service, le PlayStation Now, qui permettait d’accéder à plusieurs centaines de jeux, mais cette offre n’avait pas trouvé son public avec environ 3 millions d’abonnés.
Le nouveau Playstation Plus fusionne ces deux services et propose désormais trois niveaux d’abonnement :
- l’abonnement Essential (8,99 €/mois ; 24,99 € par trimestre ; 59,99 € par an) correspond peu ou prou à l’ancien Playstation Plus et permet de jouer en ligne et de bénéficier de 2 jeux offerts par mois ;
- l’abonnement Extra (13,99 €/mois ; 39,99 € par trimestre ; 99,99 € par an) permet, en plus, d’accéder à environ 400 jeux développés pour les consoles PS4 et PS5 ;
- l’abonnement Premium (16,99 €/mois ; 49,99 € par trimestre ; 119,99 € par an) donne également l’accès à plusieurs centaines de titres plus anciens, sortis entre 1995 et 2013, et permet le jeu en streaming.
Les offres de Sony et Microsoft sont globalement équivalentes et proposent toutes deux des titres majeurs et récents (Halo Infinite ou Forza Horizon 5 côté Xbox, Demon's Souls, Ghost of Tsushima ou Spider-Man Miles Morales chez Sony) susceptibles de convaincre les joueurs, dont beaucoup verront l’intérêt de payer un abonnement à moins de 15 € par mois plutôt que des jeux à 50 ou 70 € l’unité…
Mais il existe une différence majeure entre les deux offres. Microsoft inclut dans le Game Pass les nouveautés des studios qu’il possède, dès le jour de leur sortie. Un choix audacieux auquel se refuse Sony, qui préfère faire vivre ses créations en magasin plusieurs mois, voire plusieurs années, avant de les intégrer au Playstation Plus.
Le directeur général de Playstation, Jim Ryan, a expliqué en mars au site Gamesindustry.biz les raisons de ce choix : « L'intégration de nos jeux dans ce service dès leur sortie n'est pas une voie que nous allons emprunter. Le niveau d'investissement dont nous avons besoin pour nos studios ne serait pas possible à maintenir et cela aurait un impact sur la qualité des jeux que nous créons. »
Inquiétudes du secteur
Un pragmatisme que Microsoft, dont le chiffre d’affaires explose grâce au cloud et aux logiciels et dont le jeu vidéo n’est qu’une activité annexe, n’a pas à faire preuve… pour l’instant. Car cette tendance des abonnements, alors que les coûts de développement des jeux explosent, inquiète certains acteurs du secteur. Ed Fries, qui fut vice-président chez Microsoft dans les années 1990 et 2000, a fait part en mai 2022 de sa crainte que le Game Pass ne cannibalise les ventes : « Quand Spotify a décollé, il a détruit le marché de la musique. Il a littéralement divisé par deux les revenus annuels de l'industrie musicale, a-t-il déclaré au podcast Xbox Expansion. Nous devons faire attention à ne pas créer le même système dans le business du jeu, ces marchés sont plus fragiles que les gens ne le pensent. »
Et Nintendo dans tout ça ? La firme de Kyoto se contente de proposer un abonnement, le Nintendo Switch Online (3,99 € par mois ; 7,99 € par trimestre ; 19,99 € par an) qui permet de jouer en ligne aux dernières nouveautés et d’accéder à une centaine de titres NES et Super NES. Et, pour 20 € de plus par an, à des jeux Nintendo 64 et Sega Mega Drive. Un catalogue s’étalant de 1983 à 2001 qui intéressera surtout les nostalgiques.