Arnaud de Blauwe
Intervention des pompiersDes délais très élastiques
Le rapport que la Direction générale de la sécurité civile vient de publier sur l’activité des sapeurs-pompiers en 2016 révèle des délais d’intervention particulièrement longs dans certains départements.
L’an dernier, les pompiers ont effectué près de 4,5 millions d’interventions, soit une toutes les 7 secondes. Dans 71 % des cas, elles étaient justifiées par un secours à victime, les incendies ne représentant que 7 % de l’activité. Le délai moyen d’intervention entre la prise d’appel et l’arrivée des tous premiers soldats du feu se situant à 13 minutes et 13 secondes. Une donnée qui cache de grandes disparités selon les départements.
En les découvrant dans le rapport annuel de la Sécurité civile, Jean-François Schmauch, officier de sapeur-pompiers à la retraite et expert judiciaire reconnu sur la question, n’en revient pas. « Certains de ces délais moyens sont deux à trois fois supérieurs à ceux mesurés dans la plupart des pays comparables au nôtre », témoigne-t-il à Que Choisir.
Par exemple, pendant qu’à Paris et sa proche banlieue les pompiers sont sur place en moins de 10 minutes, que dans le Rhône il leur faut une douzaine de minutes pour arriver, que dans le Bas-Rhin les délais sont de 13 minutes (incendie) et près de 12 minutes (secours à personnes ou accident de la route), les temps d’intervention explosent dans certains départements. L’Eure-et-Loir affiche ainsi plus de 27 minutes pour un accident de la route ou un secours à personne tandis qu’en Haute-Garonne, le premier engin n’est opérationnel sur un feu qu’au bout de 24 longues minutes ; de 20 minutes dans la Marne.
« En cas d’urgence vitale, chaque minute de gagnée diminue sensiblement le risque de séquelles et augmente les chances de survie, rappelle Jean-François Schmauch. Mais contrairement à de nombreux autres pays, la France n’édicte pas de normes nationales et contraignantes. Le financement des services d’incendie est à la charge des départements. Et il revient à chacun d’eux de fixer, dans un plan approuvé par le préfet, les délais à respecter selon le motif de la sortie. Or, dans une période de réduction des budgets, on a le sentiment qu’il peut s’agir de "délais de complaisance" calculés pour pouvoir coller à la réalité locale (effectifs et matériels disponibles, par exemple). »
En 2016, près de 4 français sur 100 ont été secourus et transportés par les pompiers vers des établissements de soins.