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Camille Gruhier
Le confinement constitue un enjeu pour les opérateurs télécoms, confrontés, eux aussi, à une situation inédite. En travaillant depuis chez eux, en suivant un enseignement à distance, puis en se distrayant grâce aux loisirs numériques, les Français sollicitent inhabituellement les réseaux des zones résidentielles. Faut-il craindre une saturation ? Michel Combot, directeur général de la Fédération française des télécoms, répond à nos questions.
Nous assistons depuis ce week-end à une augmentation du trafic de données et des appels, et cette hausse va se poursuivre dans les prochains jours. La mise en place du télétravail, les réunions téléphoniques, le recours aux courriels avec des collègues avec qui on parle habituellement de vive voix, les visioconférences ont un impact sur le volume global de communications. Or les réseaux des zones résidentielles ne sont pas dimensionnés comme ceux des quartiers d’affaires. Il s’agit, pour les opérateurs aussi, d’une situation inédite. Lundi soir, ils ont ajusté les interconnexions entre leurs réseaux pour absorber la hausse du volume des appels. Pour la data, nous n’avons encore aucune alerte mais nous supervisons le trafic heure par heure. Pas d’inquiétude pour l’instant, donc.
Depuis le domicile, il faut se connecter à Internet et passer ses appels en wi-fi. Ceci soulage les réseaux mobiles en basculant le trafic sur le réseau fixe, déjà dimensionné pour absorber des pics de consommation en fin de journée en temps normal. Ensuite, privilégier les usages liés au télétravail et à l’enseignement à distance en journée, et réserver les vidéos en streaming pour le soir.
Nous adapterons les réseaux aux priorités du pays et agirons de manière pragmatique. Mais nous disposons de plusieurs leviers qui permettraient de diminuer la pression sur les réseaux sans impact sur l’utilisateur. Nous pouvons par exemple inviter les grandes plateformes américaines à cesser d’envoyer des mails à leurs abonnés pour les inciter à profiter du confinement pour regarder telle ou telle série. Nous pouvons aussi décider que la 4K, cette ultra haute définition extrêmement gourmande en bande passante, n’est pas indispensable. La HD suffit amplement pour regarder des films et des séries… L'évolution de la situation dans les prochains jours sera déterminante.
Mise à jour du 20/03/2010
« La situation actuelle ne soulève pas d’inquiétude », assure le gouvernement, mais mieux vaut prendre les devants… Avec le télétravail, les visioconférences, les divertissements numériques (jeux en ligne, streaming ou… visio-apéros), la restriction des déplacements en ces temps d'épidémie de coronavirus entraîne une hausse de la sollicitation des réseaux télécoms fixes et mobiles. Le secrétariat d’État au numérique, le régulateur des télécoms (Arcep) et la Commission européenne appellent donc les Français à :
Les services de contenus gourmands (streaming vidéo et jeux en ligne) sont également appelés à prendre des mesures techniques pour limiter la consommation. Netflix a annoncé dans la foulée qu’il réduisait son débit en Europe pour une durée de 30 jours, ce qui représenterait une diminution de 25 % du trafic. Terminé, par exemple, la diffusion en 4K. Google a aussi annoncé qu’il serrait les tuyaux pour Youtube. Le gouvernement a également remis en cause le lancement de Disney+, prévu pour le 24 mars, et dont le succès outre-Atlantique (10 millions d’inscrits dès le premier jour aux États-Unis) fait craindre une grande pression sur le réseau. D’autres initiatives devraient suivre pour éviter la saturation des réseaux, que les opérateurs européens redoutent.
Camille Gruhier
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