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Infection urinaireUn dépistage en pharmacie, et après ?

Sous certaines conditions, les femmes suspectant une infection urinaire peuvent réaliser un dépistage par bandelette urinaire directement en pharmacie. Mais il faudra quand même voir le médecin pour recevoir un antibiotique. Ce qui invalide l’intérêt du dispositif.

La cystite est une infection courante dans la vie des femmes, et ses symptômes bien connus : sensation de brûlure, besoin impérieux et fréquent d’uriner, urines odorantes et troubles. La seule option est alors un traitement antibiotique, disponible uniquement sur ordonnance. Le passage rapide par un cabinet médical est donc inévitable… ce qui peut s’avérer compliqué, comme le montrent nos enquêtes. Obtenir directement l’antibiotique en pharmacie est une solution proposée de longue date et expérimentée dans certaines régions. Elle devrait être généralisée. Mais pour l’heure, seul un test de dépistage est proposé aux patientes.

Face à une suspicion de cystite, les pharmaciens ont la possibilité de proposer, pour 6 € – remboursés – un dépistage par bandelette urinaire aux patientes âgées de 16 à 65 ans qui remplissent certains critères : ne pas être enceinte, ne pas avoir souffert de cystite dans les 15 jours précédents et avoir présenté moins de 3 infections urinaires dans l’année passée. Ce test peut être réalisé directement dans les sanitaires de l’officine.

Une première étape

Mais le résultat ne change rien pour la patiente. S’il est positif, elle sera orientée vers un médecin qui lui prescrira l’antibiotique nécessaire. S’il est négatif, le pharmacien pourra seulement lui délivrer des conseils, et éventuellement un médicament sans ordonnance pour améliorer son confort. Aucun gain de temps, ni aucun accès facilité, donc.

Ce test de dépistage n’est en fait qu’une première étape, nous expliquent plusieurs syndicats de pharmaciens. À terme, ils pourront prescrire et délivrer un antibiotique sans la délégation d’un médecin, à condition d’être formés et déclarés auprès de l’Ordre des pharmaciens et de leur Agence régionale de santé (ARS). Les médicaments et les dosages pouvant être délivrés seront strictement encadrés. À quelle échéance ? Impossible de l’affirmer avec certitude. Les décrets permettant l’application de cette mesure n’ont toujours pas été publiés, et les tarifs sont encore en cours de négociation entre les pharmaciens et l’assurance maladie.

La bandelette urinaire, pas si pertinente

Le dépistage de la cystite en pharmacie s’appuie sur un test urinaire par bandelette, qui recherche la présence de leucocytes (des globules blancs dont la présence traduit une infection) et de nitrites dans les urines. En effet, certains pathogènes, dont E. coli – bactérie principalement responsable des cystites ‒, transforment les nitrates alimentaires en nitrites. Cette méthode, globalement fiable, a ses limites. Le résultat peut être négatif si les urines n’ont pas séjourné assez longtemps dans la vessie… ce qui est souvent le cas lorsqu’on souffre d’une cystite. À l’inverse, le résultat peut être faussement positif si l’on a consommé beaucoup d’aliments riches en nitrites ou en vitamine C. Selon la revue médicale indépendante Prescrire (1), ces bandelettes sont surtout utiles chez l’homme ou l’enfant. Chez les femmes adultes, les symptômes suffisent généralement à confirmer le diagnostic.

(1) https://prescrire.org/fr/3/31/58998/0/NewsDetails.aspx

Audrey Vaugrente

Audrey Vaugrente

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