Yves Martin
Indemnité kilométriqueUne mesure insignifiante
L’annonce de la revalorisation de l’indemnité kilométrique à hauteur de 4,6 % devrait profiter à plus de 6 millions d’automobilistes qui ont choisi l’option frais réels pour leur déclaration d’impôts. Un « cadeau » loin d’être aussi somptueux qu’il n’y paraît et qui représente moins d’une vingtaine d’euros d’économie pour les personnes concernées.
L’annonce a fait son effet. Pensez donc : 4,6 % de revalorisation de l’indemnité kilométrique pour les contribuables qui déclarent leurs dépenses de carburants sous la forme des frais réels. Un « cadeau » aux automobilistes qui paient l’impôt sur le revenu et qui représente au total environ 115 millions d’euros. Mais attention, derrière les effets d’annonce se cachent parfois une réalité bien moins affriolante. En effet, selon Frédéric Lefebvre, secrétaire d'État au Commerce, ce sont 5 millions de particuliers qui utilisent cette méthode de calcul pour leur impôt sur leurs revenus mais aussi 500 000 professions libérales et 600 000 artisans/commerçants. Soit 6,1 millions de contribuables. Une simple division permet alors de conclure que chacun économisera seulement 18,85 euros sur sa facture d’imposition. Le cadeau est bien maigre et la mesure, au final, bien insignifiante. Cela d’autant plus qu’elle ne concerne pas tous les ménages et donc pas forcément ceux qui en ont le plus besoin.
Dérapages à craindre
Quant à la question du financement de cette opération, Christine Lagarde, ministre de l'Économie, a trouvé la solution en accord avec les principaux acteurs du secteur pétrolier : ce sont ces derniers qui mettront la main à la poche. Ainsi, environ 60 % du montant global sera payé par les producteurs et les raffineurs alors que les distributeurs couvriront les 40 % restants. Et aujourd'hui de s’inquiéter vivement sur les répercussions que pourraient avoir cette ponction sur la manne des acteurs de la filière pétrolière. Il est en effet légitime de craindre une augmentation des prix à la pompe. Même si le gouvernement se veut rassurant par la mise en place d’un nouvel observatoire « des prix et des marges des carburants et du fioul » qui devrait couper court à toutes tentations cupides, on est en droit de craindre des dérapages. Certes, les premiers résultats d’une campagne de contrôle réalisée par la Répression des fraudes dans les stations-service depuis le 9 mars ont révélé un taux d’infraction extrêmement bas (0,7 %, soit 37 procès verbaux et 14 injonctions sur 7 189 points de contrôle). Mais, il faut espérer que cela perdurera après l’annonce de cette contribution des acteurs du secteur pétrolier et s’assurer qu’ils ne récupèrent pas d’un côté ce qui a été « généreusement » donné de l’autre.
Si l’État voulait faire un véritable geste en faveur de la réduction de la facture énergétique et de la protection du budget carburant, pourquoi ne pas suivre l’exemple de l’Angleterre qui a récemment instauré une taxe sur les compagnies pétrolières pour diminuer le prix à la pompe ? Ou encore pourquoi ne pas instaurer un chèque carburant à l’image des chèques électricité par exemple ? Des mesures qui profiteraient alors à tous les automobilistes et garantiraient leur pouvoir d’achat aux plus démunis.