Olivier Puren
Impôts 2025Le barème progressif sera revalorisé
Le gel du barème progressif de l’impôt sur le revenu n’est finalement pas au programme du projet de Budget 2025. Ses tranches seront revalorisées l’an prochain pour protéger les contribuables d’une augmentation de la fiscalité liée à l’inflation.
La situation de nos finances publiques inquiète ! Le déficit de la France devrait atteindre 6,1 % du PIB cette année et pourrait grimper à 7 % l’année prochaine. Pour le ramener à 5 %, le nouveau ministre de l’Économie et des Finances, Antoine Armand, propose de réduire les dépenses de 40 milliards d’euros et d’augmenter les recettes de 20 milliards en 2025. Tous les Français seront mis à contribution, via la hausse des taxes sur l’électricité, les voitures thermiques ou les billets d’avion, les déremboursements de soins par la Sécurité sociale, le report de six mois de la revalorisation des retraites, etc.
Côté contribuables, en revanche, ce sont principalement les ménages plus aisés qui devraient participer au redressement des comptes publics. Le projet de loi de Finances pour 2025, concocté à la hâte, propose d’instaurer un taux moyen d’imposition minimum de 20 % pour ceux qui sont assujettis à la contribution exceptionnelle sur les hauts revenus. À la marge, le texte prévoit aussi d’alourdir la taxation des plus-values des loueurs en meublé non professionnels, de relever la TVA sur les chaudières à gaz et de réduire l’avantage en nature pour les voitures de fonction. Rien de plus pour le moment ! La grande majorité des contribuables devraient donc échapper aux hausses d’impôt l’an prochain.
Les tranches du barème en hausse de 2 %
Le gel du barème progressif de l’impôt faisait partie des mesures envisagées pour renflouer les caisses de l’État, car il aurait généré 3,7 milliards d’euros de recettes supplémentaires en 2025. Mais il aurait surtout entraîné une hausse d’impôt pour tous les ménages imposables, quel que soit leur taux d’imposition, et fait basculer près de 530 000 foyers non imposables dans l’impôt.
Le gouvernement préfère donc y renoncer, et les tranches du barème de l’impôt 2025 seront bien indexées sur l’inflation, comme celles du barème de l’impôt 2024. Cela évitera à ceux dont les revenus ont évolué au même rythme que les prix cette année de subir une hausse d’impôt ou de devenir imposables l’an prochain. Compte tenu de l’inflation (hors tabac) prévisionnelle établie par l’Insee pour 2024, l’indexation atteindra 2 % et le barème fiscal 2025 sera le suivant :
Revenus 2024* | Taux d’imposition |
N’excédant pas 11 520 € | 0 % |
De 11 520 € à 29 373 € | 11 % |
De 29 373 € à 83 988 € | 30 % |
De 83 988 € à 180 648 € | 41 % |
Supérieurs à 180 648 € | 45 % |
* Pour une part de quotient familial.
La même revalorisation va profiter aux seuils et limites qui sont indexés sur le barème fiscal. Par exemple, la déduction forfaitaire de 10 % appliquée par défaut sur vos salaires imposables de 2024 va grimper à 505 € au minimum et à 14 455 € au maximum, contre 495 € et 14 171 € pour l’imposition des salaires de 2023. Si vous êtes retraité, l’abattement de 10 % sur vos pensions de 2024 va être porté à 451 € minimum par pensionné et à 4 407 € maximum par foyer. La décote d’impôt accordée aux contribuables faiblement imposés, l’abattement sur les revenus des personnes âgées ou invalides modestes, et les économies d’impôt liées aux majorations de quotient familial vont aussi être relevés de 2 %.
Bon à savoir Les plafonds de déduction des dépenses imputables sur votre revenu global vont augmenter : 6 807 € maximum pour la pension alimentaire versée à un enfant majeur dans le besoin en 2024, 4 047 € pour les frais d’accueil d’une personne âgée chez vous, etc.
Moins d’impôts a revenus constants
Vous payerez moins d’impôts en 2025 qu’en 2024 si votre situation fiscale n’a pas évolué cette année par rapport à l’année dernière (situation de famille, revenus et charges constants). Car dans ce cas, une part plus importante du revenu global imposable de votre foyer sera soumise aux tranches basses du barème, les moins fiscalisées. Par exemple, si vous êtes célibataire et déclarez 35 000 € de salaires imposables, vous payerez 2 602 € d’impôt l’an prochain (sur vos salaires de 2024), contre 2 736 € cette année (sur vos salaires de 2023). La revalorisation du barème vous procurera une baisse d’impôt de 4,9 % (-134 €).
Si votre situation fiscale s’est améliorée, vous ne payerez pas forcément plus d’impôts en 2025. Car dans ce cas, la revalorisation du barème aboutira à ne surimposer que la part de la hausse de vos revenus qui a dépassé l’inflation. En revanche, si vous avez bénéficié d’une augmentation comparable à l’inflation, vos impôts de 2025 seront sensiblement identiques à ceux payés en 2024. Par exemple, si vous êtes célibataire et déclarez 35 000 € de salaires imposables pour 2024 contre 34 350 € pour 2023 (hausse de 2 %), vous payerez 2 602 € d’impôt l’an prochain, à peu de chose près le même montant que cette année (2 561 €).
Mécaniquement, les ménages les plus aisés seront les principaux bénéficiaires, en montant, des baisses d’impôt liées à la revalorisation du barème de 2 %. Car à revenus constants ou ayant progressé moins vite que l’inflation, une part plus faible de leur revenu global sera soumise à leur taux marginal d’imposition, c’est-à-dire au taux le plus élevé du barème progressif auquel ils sont soumis. Ce sont également eux qui bénéficieront des plus gros remboursements d’impôts à l’été 2025, au titre de la régularisation des impôts à la source prélevés en trop en 2024.
Bon à savoir Les revenus et les plus-values imposés par défaut à un taux forfaitaire ne profiteront pas de la revalorisation du barème fiscal. C’est le cas des intérêts, dividendes et plus-values mobilières soumis à la flat tax de 12,8 % et des plus-values immobilières soumises à un prélèvement forfaitaire de 19 % (+17,2 % de prélèvements sociaux).