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HoméopathieEfficacité remise en cause aux États-Unis

La Federal Trade Commission, l’organe gouvernemental chargé de la protection des consommateurs aux États-Unis, va imposer aux fabricants de mentionner que leurs produits homéopathiques n'ont pas d'efficacité prouvée.

« Il n'y a pas de preuve scientifique que ce produit marche ». « Les allégations à propos de ce produit reposent seulement sur les théories de l'homéopathie du XVIIIe siècle, rejetées par la plupart des experts de la médecine moderne ». Voilà les deux avertissements que la Federal Trade Commission (FTC) exige de voir soit en magasin, soit sur les emballages des spécialités homéopathiques, selon un communiqué mis en ligne le 15 novembre 2016.

Cette décision porte un coup sévère à l'homéopathie aux États-Unis, soumise à un régime dérogatoire mais sur la sellette depuis quelques années. Jusqu'à présent, la FTC et la Food and Drug Administration (FDA) ont laissé les préparations homéopathiques se prévaloir de la qualité de médicament, sans exiger les études coûteuses attestant de leurs effets positifs et cernant leurs éventuels effets indésirables.

À l'avenir, les allégations laissant entendre que tel ou tel produit homéopathique soigne l'insomnie ou les états grippaux ne seront pas interdites (seule la FDA a le pouvoir de le faire), mais la FTC exige qu'elles s'accompagnent de mentions appelant à ne pas les prendre au sérieux. Au motif que « les allégations d'effets thérapeutiques n'ont pas la base raisonnable exigée par les lois de la FTC et sont par conséquent probablement trompeuses ».

700 millions d'euros annuels remboursés par l'assurance maladie en France

En France, patrie du leader mondial du secteur (Boiron avec notamment l’Oscillococcinum), l'assurance maladie continue à prendre en charge l'homéopathie sur ordonnance, à hauteur de 30 %. Beaucoup de mutuelles assument le reste à charge. L'homéopathie pèserait 0,4 % des dépenses de santé remboursées par la Sécurité sociale, ce qui représente tout de même plus de 700 millions d'euros par an.

« La commission de la transparence de la Haute Autorité de santé a proposé plusieurs fois aux gouvernements successifs de dérembourser intégralement l'homéopathie », relève l'économiste de la santé Jean de Kervasdoué. « Elle n'a jamais été entendue. Une pensée machiavélique d'énarques est que la prescription de produits homéopathiques se substitue à celles d'autres médicaments plus chers. C'est une idée qui ne repose sur aucune évaluation sérieuse, à ma connaissance ».

Contacté, le laboratoire Boiron fait valoir que la FDA ne s'est pas encore prononcée et que la FTC n'a pas fixé de date d'entrée en vigueur pour les nouvelles règles d'affichage. Les discussions se poursuivraient avec l'American Association of Homeopathic Pharmacists. Ces discussions ont démarré il y a plus d'un an. Manifestement, les preuves d'efficacité avancées par les fabricants de produits homéopathiques n'ont pas convaincu les autorités américaines. Concernant une divergence présumée avec la FDA, la FTC précise sa position dans le document qu'elle a mis en ligne (p. 23). Sa décision « n'entre pas en conflit avec les prérogatives de régulateur de la FDA », car elle laisse les fabricants libres de recommander leur spécialité pour des soins quelconques, même sans preuve médicale. Ils doivent juste mentionner clairement les limites de l'homéopathie. Et sans délai, car la FTC ne promulgue pas une nouvelle règle. Elle fait un rappel à l'ordre.

Attention aux produits homéopathiques pour nourrisson vendus en ligne

La FDA enquête sur un lien éventuel entre des décès de nourrissons (une dizaine, à ce jour) et l'emploi d'anneaux à mordiller, de gels homéopathiques contre les douleurs dentaires et de gouttes pour les oreilles. Il y a eu une première alerte en 2010, puis une seconde en septembre 2016, concernant des produits de marque Hyland's et des marques de distributeurs de la chaîne de magasins CVS. Les produits en question contiendraient de la belladone, une plante toxique. Le dossier est énigmatique. En 2010, la FDA avait fait analyser des gels dentaires homéopathiques. Sans surprise, s'agissant de produits homéopathiques, ils ne contenaient plus de belladone en quantité détectable. Reste l'hypothèse d'un autre composant toxique, ou d'un lot mal préparé. Hyland's a démenti tout risque, mais a suspendu provisoirement la distribution des produits incriminés aux États-Unis. Concernant CVS, le retrait a été lancé le 24 novembre par Raritan, sous-traitant de la marque Homeolab.

Attention, certains sites de vente en ligne proposent aux consommateurs français les produits homéopathiques pour enfants des marques incriminées. C'est le cas de biovea.com, formesante.com et de labosante.com, entre autres. Ils sont en droit de le faire, puisque les autorités sanitaires françaises n'ont prononcé aucune suspension. Dans le doute, néanmoins, il ne faut surtout pas acheter ces produits. Leur revendication d'efficacité, comme celle de tous les produits homéopathiques, ne repose sur aucune base solide. Il n'y a aucune raison de tolérer un risque, même extrêmement faible.

Erwan Seznec

Erwan Seznec

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