Perrine Vennetier
HoméopathieDéremboursement en vue
La Haute Autorité de santé recommanderait de ne plus rembourser des produits homéopathiques. L’avis n’est pas encore officiel, mais cette décision serait conforme à toutes les évaluations des instances scientifiques internationales.
Dans l’univers des médicaments, les produits homéopathiques ont toujours eu une place à part. Ils bénéficiaient en particulier d’une dérogation qui leur permettait de bénéficier d’un remboursement sans avoir à apporter la preuve de leur efficacité spécifique. L’an dernier, la ministre de la Santé a demandé à la Haute Autorité de santé (HAS) de procéder à une évaluation en bonne et due forme de ces produits. C’est chose faite.
La Commission de la transparence de la HAS a rendu un avis préconisant le déremboursement des produits homéopathiques, selon une information de France Info, publiée jeudi 16 mai. Cet avis provisoire n’est normalement pas rendu public à ce stade, mais envoyé aux laboratoires concernés pour qu’ils puissent formuler leurs observations. L’avis définitif est attendu pour juin. Dans un communiqué commun avec les laboratoires Lehning et Weleda, les laboratoires Boiron déplorent « une violation du secret de la procédure d’évaluation en cours remettant potentiellement en cause sa régularité ». Le leader mondial de l’homéopathie a indiqué avoir suspendu son cours en bourse.
Que Choisir n’a donc pas pu consulter cet avis. Mais une évaluation menant à un déremboursement serait logique. En effet, toutes les expertises menées jusque-là par les instances scientifiques françaises (Académie de médecine et de pharmacie, Collège national des généralistes-enseignants, etc.) et internationales aboutissent à la même conclusion : l’homéopathie n’a pas fait la preuve d’une efficacité supérieure à celle d’un placebo. Les termes sont importants. Cela ne signifie pas que l’homéopathie n’a aucun effet. Les millions d’adeptes des granules qui se disent satisfaits n’ont évidemment pas tort : l’homéopathie a bien un effet. Mais cet effet n’est pas différent de celui produit par un placebo, c’est-à-dire un faux remède présenté comme efficace et administré avec conviction – qui produit des effets réels et parfois importants. D’ailleurs tous les médicaments exercent un effet placebo. C’est pourquoi les autorités exigent des spécialités pharmaceutiques qu’elles démontrent un effet spécifique, supérieur au placebo, pour accéder au remboursement (voir schéma ci-dessous). Cette règle, sévère mais juste dans le cadre de dépense de fonds publics, évite de devoir prendre en charge n’importe-quelle-chose-qui-fait-du-bien.