Perrine Vennetier
Action collective autorisée au Québec
La justice canadienne vient d’autoriser une « action collective » contre le laboratoire Boiron Canada qui commercialise l’Oscillococcinum. Le préjudice serait financier pour les consommateurs ayant acheté un produit à l’efficacité non prouvée.
La justice canadienne vient d’autoriser une « action collective » contre le laboratoire Boiron Canada qui commercialise l’Oscillococcinum. Cette procédure a été initiée par une femme québécoise qui a acheté ce médicament, censé réduire les symptômes de la grippe, et l’accuse d’avoir été inefficace (voir notre analyse des médicaments contre l’état grippal). Selon le journal La Presse canadienne, sa demande initiale formulée en 2015 a tout d’abord été rejetée. Mais la cour d’appel, puis la Cour suprême du Canada ont finalement accordé l’autorisation de lancer une action collective. C’est la première étape de cette procédure qui permet à une personne (ou un organisme) de représenter plusieurs personnes ayant subi des préjudices similaires et de mener une action en justice au nom de tous contre une entreprise (1). Ici le préjudice mis en avant est financier, précise l’avocat spécialisé dans les recours collectifs, Jeff Orenstein, qui indique entendre « lancer la procédure dans les mois qui viennent ». Du côté de Boiron Canada, on précise : « Nous ne pouvons commenter le dossier puisqu’il est devant les tribunaux ».
Un assaut de plus
Ce recours collectif est un nouveau coup porté aux produits homéopathiques en Amérique du Nord et dans les pays anglo-saxons. Depuis fin 2016 par exemple, la FTC (organisme américain de défense des consommateurs) exige que toute allégation de l’homéopathie qui n’est pas fondée sur des études cliniques sérieuses soit accompagnée de l’indication suivante : « Il n’y a pas de preuves scientifiques que ce produit marche .
« Un foie de canard dans l’océan Atlantique »
L’Oscillococcinum est un produit, ayant un statut de médicament, composé essentiellement de saccharose (du sucre blanc), de lactose (un sucre présent dans le lait) et d’un « Extrait fluide peptoné de foie et de cœur d’Anas barbariae dynamisé à la 200e K ». Qu’est-ce donc que cet extrait de canard de Barbarie ? Jeff Orenstein, l’avocat de l’action collective qui vient d’être autorisée, donne une recette savoureuse de sa fabrication : « Ce qu'ils font, c'est qu'ils ajoutent de l'extrait de cœur et de foie de canard dans une solution si diluée que c'est l'équivalent de lancer un cœur ou un foie de canard dans l'océan Atlantique, prendre une goutte dans cet océan, la déposer dans un comprimé de sucre, le laisser sécher et le vendre entre 16 et 20 dollars en pharmacie ».
(1) L’action collective québécoise présente des similarités avec l’« action de groupe » française mais n’est pas identique.