Elsa Casalegno
Des volailles confinées pourtant étiquetées "plein air"
Du fait d’une nouvelle épidémie due au virus influenza aviaire, poulets, canards et oies doivent être enfermés. Y compris les volailles produites sous signes de qualité. Néanmoins, les mentions « Label rouge », « fermier », « élevé en plein air » ou « liberté » peuvent continuer à être apposées.
Pour la quatrième fois depuis 2015 (1), les volailles sont contraintes au confinement. En raison d’une nouvelle épidémie de grippe aviaire, ordre a été donné aux éleveurs de « mettre à l’abri » leurs animaux, selon un arrêté du 4 novembre 2021 du ministère de l’Agriculture. Plusieurs contaminations ont été recensées depuis septembre sur le territoire et dans les pays voisins.
Conséquence, les volailles élevées en plein air ne sont plus… élevées en plein air ! Or, l’accès à un parcours ou à une volière est un critère clé pour la plupart des signes officiels de qualité tels que « Label rouge », « fermier », « plein air », « liberté », « canard à foie gras du Sud-Ouest », « volailles de l’Ain » ou « volailles de Bourgogne ». Pour que les producteurs puissent continuer à apposer ces mentions sur leurs produits, des dérogations réglementaires sont donc nécessaires. Ces dernières ont été publiées le 25 novembre au Journal officiel. Elles sont valables 12 semaines pour les volailles de chair, et 16 semaines pour les poules pondeuses.
Promesse d’un mode d’élevage avec accès à l’air libre
Peut-être est-il nécessaire d’enfermer les volailles pour enrayer ces redoutables épidémies de grippe aviaire. Il s’agit d’une modification « d’ampleur limitée » et « d’effet limité dans le temps », tempère l’Institut national de l’origine et de la qualité (Inao). Il existe par ailleurs quelques exemptions, en particulier pour les petits élevages en circuit court, moyennant quelques contraintes : les volailles peuvent continuer à accéder à un petit parcours, à condition qu’il soit couvert d’un filet (destiné à éviter tout contact avec la faune sauvage, potentiellement vectrice du virus).
Mais la claustration d’animaux sous labels pour des durées de plusieurs mois – potentiellement pendant toute leur existence ‒, signifie que le consommateur paie plus cher un produit qui ne tient pas sa promesse d’un mode d’élevage avec accès à l’air libre. Même si, par ailleurs, les autres exigences gages d’une qualité supérieure sont maintenues – « souches rustiques et à croissance lente, alimentation à forte teneur en céréales, durée d’élevage plus de deux fois plus élevée, mesures en faveur du bien-être animal et de la bientraitance, efforts des éleveurs en termes de démédication, taille limitée des bâtiments et des élevages, contrôles et tests sensoriels… », énumère l’Inao.
(1) Plusieurs épidémies récentes de grippe aviaire ont déjà contraint les pouvoirs publics à décréter des confinements : à l’hiver 2015, à l’hiver 2016 et à l’hiver 2020.