Arnaud de Blauwe
Grande distributionToujours dans le viseur
L'Autorité de la concurrence ne relâche pas la pression sur la grande distribution. C'est dans ce secteur qu'elle est le plus intervenue en 2009 « au titre de ses fonctions contentieuses et consultatives » d'après les chiffres tirés de son rapport annuel. Et lors de sa présentation, le président de l'Autorité a rappelé que la grande distribution faisait actuellement l'objet d'études sectorielles afin de décortiquer certaines pratiques. Un travail qui pourrait déboucher à l'automne sur « l'ouverture de procédures ».
En 2009, l'Autorité de la concurrence, qui se présente comme étant « au service de l'économie et du consommateur », a prononcé 15 sanctions pour un montant total de 206,6 millions d'euros. Elles ont concerné 49 entreprises et 9 organisations professionnelles de divers secteurs (travail temporaire, téléphonie et Internet....), « punies » pour des pratiques anticoncurrentielles (ententes ou abus de position dominante). Des chiffres tirés du rapport annuel présenté cette semaine à la presse par Bruno Lasserre, le président de l'institution.
L'occasion d'indiquer que la grande distribution restait « en tête des secteurs d'intervention au titre des fonctions contentieuses et consultatives de l'Autorité » devant celui des télécoms et des services. Et la pression est toujours de mise ! Bruno Lasserre a en effet rappelé que l'Autorité de la concurrence avait lancé, au cours du premier semestre 2010, plusieurs études sur les pratiques en vigueur dans la grande distribution.
Premier point examiné : la gestion du foncier commercial. Certains distributeurs préemptent des surfaces disponibles non pour s'agrandir ou s'installer mais pour empêcher l'arrivée d'une enseigne concurrente dans leur zone de chalandise. Une situation potentiellement préjudiciable au consommateur : faute de concurrents, les prix peuvent demeurés plus élevés qu'ailleurs.
Deuxième point passé au tamis, les contrats qui unissent des magasins franchisés (souvent des supermarchés de centre-ville, Paris étant particulièrement concerné) à un grand groupe de distribution. L'objectif étant de savoir si les conditions imposées aux premiers ne sont pas trop contraignantes afin de garantir au second une certaine tranquillité sur la zone de chalandise considérée. Ainsi, l'Autorité va s'attacher à vérifier que ces contrats n'interdisent pas « de facto » au commerçant indépendant de passer sous la coupe d'une autre enseigne.
Troisième et dernier point regardé de près, le « management catégoriel », un phénomène qui serait en pleine expansion. « Il s'agit de mesurer l'impact concurrentiel de cette technique qui, explique Bruno Lasserre, consiste pour un distributeur à confier la gestion des linéaires aux fournisseurs (par exemple, Danone pour le rayon des produits laitiers) ». Le risque ? Que l'arrivée ou le développement de références concurrentes soient « entravés ». Le consommateur aurait alors tout à y perdre : un choix moindre et des prix pas forcément « loyaux ».
Les résultats des travaux de l'Autorité devraient être dévoilés cet automne. Bruno Lasserre prévient d'ores et déjà : il n'exclut pas que cela débouche sur « l'ouverture de procédures ».