
Fabrice Pouliquen
L’an dernier, les fournisseurs d’énergie ont demandé 1,2 million d’interventions aux domiciles de leurs clients pour des factures impayées. Surtout des limitation de puissance mais aussi des coupures d’électricité ou de gaz. C’est près de deux fois plus qu’en 2019.
C’est un chiffre qui traduit les difficultés dans lesquelles la crise énergétique a plongé de nombreux foyers français. L’an dernier, 1 246 166 interventions ont été demandées par les fournisseurs d’énergie pour factures impayées, comptabilise le médiateur de l’énergie, autorité publique indépendante chargée de recommander des solutions aux litiges entre consommateurs et opérateurs du secteur.
Ces interventions, qui vont de la limitation de puissance jusqu’à la coupure totale d’électricité ou de gaz, sont demandées par les fournisseurs d’énergie aux domiciles de leurs clients qui ne règlent plus leurs factures. Depuis 4 ans, leur nombre est sans cesse en augmentation, pour dépasser le million en 2023, contre un peu plus de 670 000 en 2019.
Ces interventions sont très cadrées. Une fois reçue votre facture d’énergie, vous disposez d’un délai de 14 jours pour la payer. Si ce n’est pas fait, le fournisseur d’énergie doit vous envoyer un premier courrier accordant un délai supplémentaire de 15 jours pour régulariser la situation. À défaut, la fourniture pourra être réduite ou interrompue pour l’électricité ou interrompue pour le gaz (pas de limitation possible). Mais le fournisseur devra vous prévenir d’un deuxième courrier au moins 20 jours en amont et en y expliquant les recours possibles, notamment auprès du Fonds de solidarité pour le logement (FSL) en vue d’obtenir une aide financière.
Par ailleurs, les fournisseurs ne peuvent faire couper l’électricité au domicile de leurs clients lors de la trêve hivernale. Celle-ci court chaque année du 1er novembre au 31 mars. Enfin, depuis février 2023, même en dehors de cette trêve hivernale, les fournisseurs ont l’obligation de demander, pour les bénéficiaires du chèque énergie ou d’une aide du FSL, une limitation de puissance en électricité préalablement à toute coupure ou résiliation.
Quoi qu’il en soit, constate le médiateur national de l’énergie, une majorité des fournisseurs préfèrent recourir à des limitations de puissance qu’à des coupures. Seules les premières sont d’ailleurs en hausse. Les limitations de puissance ont en effet été multipliées par 3,4 entre 2019 (274 290) et 2024 (937 223). Les coupures d’électricité ont, elles, diminué de 27 % sur la même période, passant de 279 950 en 2019 à 203 767 en 2024, et de 11 % pour celles de gaz, passant de 118 160 en 2019 à 105 176 en 2024.
Toutefois, cette hausse globale des interventions pour impayés reste préoccupante. Elle est à mettre en regard des chiffres du dernier baromètre Énergie-info du médiateur national de l’énergie, publié en novembre dernier, dans lequel 85 % des foyers interrogés se disaient « préoccupés par le montant de leurs factures d’énergie », 75 % déclaraient « avoir restreint leur chauffage pour limiter leurs factures » et 30 % affirmaient « avoir souffert du froid dans leur logement ».
La hausse des interventions pour impayés est révélatrice du nombre croissant de ménages en difficulté pour payer leurs factures, dans un contexte où les prix du gaz et de l’électricité ont flambé depuis l’automne 2021 et plus encore au moment du déclenchement de la guerre en Ukraine. En cas de difficultés, réagissez au plus vite, en commençant par contacter votre fournisseur, ne serait-ce que pour faire le point sur votre contrat et redéfinir un échéancier de paiement. Une autre solution peut aussi être de comparer les différentes offres disponibles sur le marché. Vous pouvez à ce titre consulter le comparateur de gaz et électricité gratuit de Que Choisir.
Fabrice Pouliquen
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