Élisabeth Chesnais
Gaz et électricitéLes consommateurs mieux protégés qu’ailleurs
La Commission de régulation de l’énergie (CRE) tire le bilan de la crise énergétique majeure de 2022, qui s’est traduite par une explosion des prix de gros du gaz et de l’électricité. Selon l’Autorité de régulation du secteur, les consommateurs ne s’en tirent pas si mal.
« Face à la crise, la majorité des consommateurs a été protégée », assure la Commission de régulation de l’énergie (CRE). D’abord parce que notre parc nucléaire a permis d’amortir l’envolée des prix de gros de l’électricité. Le dispositif de l’accès régulé à l’électricité nucléaire historique ouvert à l’ensemble des fournisseurs, nommé Arenh pour les spécialistes, a permis d’approvisionner environ 50 % de la facture d’électricité des particuliers à prix régulé.
Ensuite parce que des millions de clients particuliers et professionnels disposaient de contrats à prix fixe sur 2, 3 voire 4 ans, conclus avant l’explosion des prix de gros pour le gaz et pour l’électricité. Notons à ce sujet que la CRE pèche par optimisme car durant cette période, des fournisseurs ont répercuté la hausse des prix de gros à des clients qui se croyaient à l’abri de tarifs inflationnistes. Le médiateur national de l’énergie a d’ailleurs délivré des cartons rouges à Ohm Énergie, Mega Énergie, Mint Énergie, Wekiwi et Gaz de Bordeaux, tous épinglés pour des « pratiques tarifaires problématiques qui se sont avérées préjudiciables pour les consommateurs ».
Enfin, les boucliers et amortisseurs tarifaires ont protégé les particuliers et les très petites entreprises, « qui ont bénéficié de prix parmi les moins élevés en Europe pendant la crise », pour le gaz comme pour l’électricité.
Concentration du marché de l’énergie
La CRE tire quelques enseignements de cette période. Elle appelle à renforcer la réglementation pour empêcher « les abus d’Arenh », qui enrichissent à bon compte certains fournisseurs, et à une protection renforcée des consommateurs. Concernant l’absence de concurrence sur le territoire des opérateurs locaux historiques, elle dit travailler à y faire entrer des fournisseurs alternatifs. Que Choisir dénonce ce monopole depuis l’ouverture à la concurrence du marché de l’énergie il y a plus de 15 ans, et ce serpent de mer ressurgit régulièrement… mais l’anomalie persiste.
L’autre conséquence de cette hausse vertigineuse de prix de gros du gaz et de l’électricité, c’est la concentration du marché de l’énergie. EDF, Engie et TotalEnergies, nos trois mastodontes du secteur énergétique, se partagent 90 % du marché résidentiel, tant en gaz qu’en électricité. Fin 2022, ils desservaient 31,8 millions de logements en électricité et 9,5 millions en gaz.