Anne-Sophie Stamane
Garde médicaleAprès minuit, appelez le 15
Plusieurs agences régionales de santé (ARS) envisagent de se passer du médecin de garde entre minuit et 8 h du matin. Le 15 prendrait le relais, et jugerait par téléphone si le patient peut attendre quelques heures pour consulter, ou s’il a besoin des services d’urgence.
Est-ce la fin du médecin de garde ? Dans plusieurs régions, la possibilité de faire venir à domicile un médecin la nuit et le week-end, en dehors des heures d’ouverture des cabinets, est sérieusement remise en cause. Du moins pour ce qui concerne la « nuit profonde », c’est-à-dire la tranche minuit-8 h. La réforme n’est pas encore définitive, mais la réflexion est bien avancée, notamment dans le Nord, dans le Puy-de-Dôme, et dans le secteur de La Rochelle. Les agences régionales de santé (ARS), qui pilotent cette réorganisation, estiment que l’activité de nuit est trop faible, pour un coût trop élevé. Une astreinte entre minuit et 8 h est rémunérée 100 €, auxquels s’ajoutent les honoraires.
La population ne serait pas laissée sans solution. En cas de problème médical en pleine nuit, le 15 prendrait le relais. À l’autre bout du fil, un médecin chargé de la régulation interrogerait le patient sur ses symptômes. À partir de ces éléments, il lui indiquerait si son état lui permet d’attendre une consultation chez son généraliste, le lendemain, ou s’il doit se rendre aux urgences immédiatement. Les maisons médicales de garde, quand elles existent, pourraient également être mises à contribution. Mais la plupart ferment précisément leurs portes à minuit.
Cette nouvelle approche aurait le mérite de résoudre le casse-tête de la garde médicale : actuellement, rares sont les médecins volontaires pour assurer les permanences. Mais elle ne fait pas l’unanimité. L’association SOS Médecins, qui pâtirait d’un important manque à gagner et verrait ses accords avec certains SAMU remis en question, souligne que pour les personnes âgées ou les familles monoparentales, se rendre aux urgences en pleine nuit n’est pas évident. Et qu’un passage par l’hôpital, ou le déplacement d’un service mobile d’urgence et de réanimation (SMUR), a un coût bien plus élevé qu’une visite à domicile.