Élisa Oudin
Frais de tenue de compte bancaireUne mesure difficile à justifier !
C’est la mauvaise surprise de 2016 pour les clients de la Société générale, du Crédit mutuel et de BNP Paribas : depuis le 1er janvier, ils doivent verser dans le cadre des frais de tenue de compte respectivement 24 €, 24 € et 30 € supplémentaires par an à leur banque pour… aucun service en plus !
La Société générale, le Crédit mutuel et BNP Paribas se sont alignés sur la nouvelle tendance depuis deux ans dans le milieu bancaire: facturer des frais de tenue de compte ! La Banque Postale, le CIC ou les Caisses d’épargne par exemple le pratiquent déjà depuis plusieurs années. Une recherche réalisée par l’UFC-Que Choisir montre qu’aujourd’hui sur 116 banques, on n’en compte plus que 16 qui ne facturent pas ces frais : le Crédit coopératif, quelques caisses du Crédit agricole, deux Banques populaires (notamment la Banque populaire Rives de Paris) et enfin, la plupart des banques en ligne. Et encore, le chiffre est probablement provisoire. En effet, les deux Banques populaires ne facturant pas encore les frais de tenue de compte réviseront leurs tarifs au printemps prochain. LCL-Crédit lyonnais les facturera à partir du 1er avril prochain (entre 12 et 24 € par an).
Cette généralisation s’accompagne en outre d’une convergence des tarifs autour de 24 à 30 € par an. Exemple le plus caricatural : la banque Chaix, pointée du doigt comme facturant les frais de tenue de compte les plus élevés, va passer de 146 € par an en 2015 à… 24 € en 2016 !
Pas d’explications, même pour les salariés des banques
Difficile pour les clients de comprendre la logique de ces nouveaux frais, d’autant que les employés au guichet ne sauront pas forcément leur donner plus d’explications ! Plusieurs syndicats majoritaires des salariés de banques déplorent en effet des « nouveaux frais dont la nécessité économique ne tient pas » (CGT - Fédération banques et assurances) ou une nouvelle tarification dont, « malheureusement fidèle à ses regrettables habitudes, la profession bancaire a limité sa communication au strict minimum sur un dossier pourtant particulièrement sensible vis-à-vis de la clientèle » (Syndicat national de la banque, SNB).
Le SNB s’inquiète par ailleurs d’un risque d’incivilités record dans les agences bancaires. Les banques soulèvent pour leur part la nécessité de compenser la pression actuelle sur leurs revenus (taux bas, plafonnement des commissions d’intervention…) et l’augmentation des coûts liés à la sécurisation des comptes. « Les arguments des dirigeants en comité d’entreprise pour justifier ces nouveaux frais ne tiennent pas. ll n’y a eu par exemple aucune embauche à effectif constant dans les réseaux bancaires en termes de sécurisation des comptes », rétorque Valérie Lefebvre-Haussmann, secrétaire générale de la CGT banques et assurances. Elle s’insurge d’autant plus contre ces frais, en période de crise, que la plupart des banques affichent d’énormes bénéfices : « La logique des banques consiste toujours à rémunérer le plus possible les actionnaires… pas les salariés, ni les clients ».
Il est vrai que les frais bancaires ont augmenté de 32 % ces trois dernières années ! Insuffisant apparemment pour tranquilliser les banquiers. Quoi qu’il en soit, les clients des banques concernées peuvent, et même ont tout intérêt, à prendre contact avec leur conseiller bancaire pour négocier l’annulation de ces nouveaux frais.
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Corinne Aaron