par Anne-Sophie Stamane
Frais d’hospitalisationLes cliniques de nouveau recadrées

Sur quelque 120 cliniques privées contrôlées, près des trois-quarts n’informent pas correctement des tarifs des prestations proposées en dehors des soins (chambre individuelle, télévision, hébergement d’un accompagnant…). La DGCCRF a aussi relevé des pratiques de facturation irrégulières.
Vu le nombre de plaintes des usagers, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a de nouveau effectué des contrôles ciblés sur les pratiques tarifaires de plus de 120 cliniques relevant du secteur privé lucratif. Résultat des courses, des anomalies ont été détectées dans près des trois quarts des cas. « Un taux élevé qui justifie une vigilance accrue dans un secteur où les consommateurs sont particulièrement vulnérables », souligne la DGCCRF dans son communiqué.
Location de télévision, chambre individuelle, hébergement de l’accompagnant, etc. : de plus en plus, les établissements proposent des services supplémentaires payants. Pour être facturés, ils doivent cependant avoir été explicitement demandés au préalable. Mais comme c’est une manne, il n’est pas rare qu’une prestation facultative soit facturée ni vu ni connu, comme si elle était inévitable. C’est souvent le cas avec le « forfait administratif », environ 10 € supplémentaires pour mettre à jour la carte Vitale ou passer un appel à la complémentaire santé, alors que toutes les formalités sont comprises dans le prix de journée de l’hospitalisation. Une centaine d’établissements le propose encore. « Dans une clinique du Cantal, note la DGCCRF, sur près de 5 700 hospitalisations en ambulatoire, plus de 5 600 forfaits administratifs avaient été vendus. » Les cliniques aiment aussi à imposer un « forfait ambulatoire », un supplément qui donne droit à un kit améliorant l’ordinaire d’une séance de chimio, par exemple, sans que son caractère facultatif soit bien clair. La DGCCRF a encore trouvé des cas de chambre individuelle facturée alors qu’elle avait été attribuée faute de chambre double, ou en raison de l’état de santé. Ces deux situations interdisent normalement de faire payer le supplément.
Forcer la main
Le travail de la DGCCRF le montre, forcer la main des patients reste encore un réflexe bien ancré. Ce n’est pas nouveau, puisque des contrôles sont régulièrement réalisés, avec des conclusions similaires à chaque fois. La campagne 2023-2024 a occasionné plus de 50 avertissements, autant d’injonctions, 12 amendes pour un total de 160 000 €, et deux procès-verbaux pénaux. Rappelons que la réglementation est claire : le prix des soins doit être affiché, dans la salle d’attente et au point de paiement. Les cliniques ont l’obligation d’informer sur le coût et le caractère facultatif des prestations complémentaires, qui ne peuvent être facturées que sur exigence particulière et explicite. N’hésitez pas à signaler toute situation litigieuse !
Le 100 % santé toujours dénigré
Entré en vigueur en 2019, le 100 % santé donne la possibilité d’obtenir des lunettes, des audioprothèses et des soins dentaires prothétiques sans reste à charge, à condition d’avoir une complémentaire santé « responsable ». Dans ce cadre, opticiens, dentistes et audioprothésistes sont tenus de présenter un devis complet, mentionnant une option « 100 % santé ». En réalité, comme le montre une autre enquête récente de la DGCCRF, l’information est encore loin d’être conforme : 70 % des dentistes contrôlés, 72 % des audioprothésistes et 79 % des opticiens ont dû être rappelés à l’ordre. Des pratiques commerciales trompeuses ont aussi été constatées, surtout dans la vente d’audioprothèses : la DGCCRF évoque, comme l’assurance maladie, l’existence de réseaux de délinquance organisée, conçus pour tirer profit du 100 % santé, au détriment des usagers. Méfiance en cas de démarchage (interdit), de prospection à domicile (interdit), ou de proposition de dépistage gratuit de presbyacousie !
Anne-Sophie Stamane