Élisa Oudin
Financement participatifQuand l’investissement tourne court
Plusieurs articles ont relayé la semaine dernière l’annonce de la faillite de la société Smok-It, qui a été financée par des particuliers via la plateforme de crowdfunding Unilend. L’occasion de rappeler les mesures de prudence avant d’investir en ligne sur des projets.
Le crowdfunding (financement par des particuliers, via Internet, de projets les plus divers) est en plein essor. 66 millions d’euros ont été investis au premier semestre 2014, contre 33 millions au premier semestre 2013. À tel point que le législateur a estimé nécessaire de réglementer cette nouvelle activité. Mais cela ne rend pas vraiment, pour l’heure, les opérations moins risquées.
Risqué par nature
Unilend est l’une des principales plateformes de prêts des particuliers aux petites entreprises, plus de 6 millions d’euros ont déjà été empruntés via cet opérateur de crowdfunding. Le 8 décembre 2014, le site annonce la mise en redressement judiciaire de la société Smok-It qui a emprunté 75 000 € auprès de 300 internautes. Le projet entendait commercialiser des cigarettes électroniques en grande surface. Pour autant, un spécialiste du secteur estime qu’il est difficile de mettre en cause, dans l’état actuel des faits, la responsabilité de la plateforme Unilend. Selon lui, « le projet n’était globalement pas incohérent ; la société présentait notamment en 2012, un chiffre d’affaires d’un millions d’euros, selon le registre du commerce et des sociétés ». Smok-It est d’ailleurs loin d’être la première société financée par le crowdfunding à disparaître. Car contrairement à certains chiffres un peu trop rassurants, le taux de défaillance des PME sur les cinq premières années de leur vie tourne plutôt autour de 25 % que de 1 à 2 % !
Précautions indispensables
La réglementation récente du crowdfunding a pour but d’éliminer au maximum le développement d’acteurs peu sérieux et de pratiques trompeuses. Elle n’enlève cependant pas le caractère risqué du financement de PME. Il faut donc toujours se montrer très prudent. C’est-à-dire, pour commencer, n’investir que l’argent dont on n’a pas besoin. Il faudra ensuite veiller à diversifier ses placements. Dernier point, le plus délicat : bien choisir la plateforme. En effet, toutes n’effectuent pas un travail d’analyse et de sélection aussi pointu. Certaines, pour faire du chiffre, se montrent beaucoup moins sélectives que d’autres. Or l’Autorité des marchés financiers (AMF) n’estime pas dans ses missions de contrôler ces choix. L’idée d’un label fait ainsi son chemin dans le milieu. Le premier site à en proposer un aujourd’hui est l’association Love Money. Une charte éthique définit les principaux points à respecter : « veiller au traitement égalitaire des épargnants, confier le registre des actionnaires à des spécialistes indépendants des entreprises, renforcer la liquidité des actions avec la mise en place d’un "carnet d’annonces d’achats et de ventes d’actions", organiser une "banque d’informations économiques et financières" à destination des épargnants… » L’initiative gagnerait peut-être à s’étendre.