Fibre optiqueCoup d’accélérateur… ou coup d’épée dans l’eau ?
Orange vient de s’engager à déployer plus rapidement la fibre optique. Ceux qui le souhaitent pourront même être raccordés dans un délai de 6 mois. Mais tout le monde ne pourra pas profiter de ce raccordement à la demande.
L’échéance approche. Fin 2025, tous les foyers devront pouvoir jouir d’un accès à Internet en très haut débit, dans la très grande majorité des cas grâce à de la fibre optique de bout en bout (Ftth). Oui mais voilà, depuis quelques mois, les déploiements ont fortement ralenti. Sur certains territoires, ils sont même carrément à l’arrêt. Pas très rassurant au moment où la fin du cuivre est actée.
Après avoir appuyé à deux pieds sur le frein, les opérateurs semblent toutefois décidés à remettre la machine en route et aller jusqu’au bout de leurs déploiements. Mardi 7 novembre, à l’occasion du colloque de l’Avicca, une association d’élus impliqués dans les enjeux numériques, le ministre délégué en charge du numérique Jean-Noël Barrot a annoncé avoir obtenu d’Orange, l’un des acteurs majeurs de ce déploiement, un certain nombre d’engagements. L’opérateur a notamment promis, d’ici fin 2025, de « rendre raccordables » 300 000 logements dans la zone dite « très dense », qui comprend 106 communes parmi les plus peuplées, faisant passer sur ce territoire le taux de couverture de 92 à 96 %. Si les autres opérateurs accélèrent aussi le déploiement, la quasi-totalité des foyers devraient être raccordés dans les temps.
Dans les zones moyennement denses dites Amii (pour « appel à manifestation d’intention d’investissement »), Orange a annoncé son intention de rendre raccordables 1 120 000 logements supplémentaires d’ici fin 2025, faisant passer le taux de couverture à 98,5 % sur ces zones. Qui plus est, un effort particulier sera fait pour les 55 communautés de communes et agglomérations où la couverture est actuellement en deçà des 85 %.
Un raccordement à la demande, mais pas pour tous
L’opérateur a aussi confirmé qu’il continuerait à proposer à ses clients passant à la fibre un tarif social d’accès à Internet (pour les populations les plus fragiles) et une offre de téléphonie seule (pour ceux qui ont juste besoin d’une ligne de téléphone fixe). Surtout, il a annoncé la mise en place d’une initiative importante : le raccordement à la demande. Concrètement, lorsqu’un habitant demandera à Orange à bénéficier de la fibre optique, l’opérateur devra le raccorder dans un délai maximum de 6 mois. Jusque-là, il devait attendre qu’Orange daigne la déployer dans son quartier.
Toutefois, tout le monde ne pourra pas profiter de cette avancée. D’une part, il va falloir attendre que l’Autorité de régulation des télécoms (Arcep) et l’État valident l’accord, puis qu’Orange mette le dispositif en place. Surtout, celui-ci ne sera disponible que dans les zones Amii déployées par Orange, soit quelque 3 000 communes. L’opérateur a annoncé une expérimentation dans les zones très denses, mais rien n’est acté. Et dans les zones les moins denses, donc sur la très grande majorité du territoire, il n’y a aucune chance que ce dispositif voie le jour. Inutile d’espérer contraindre Orange à raccorder un logement situé au fin fond de la Lozère ou en pleine montagne. À l’Avicca, on accueille cette annonce avec satisfaction, mais prudence. « Le raccordement à la demande, c’est une Arlésienne. On nous l’a souvent promis, mais on n’en a jamais vu la couleur. Et ce n’est pas si simple à mettre en place », prévient Patrick Chaize, son président.
Si ces annonces vont plutôt dans le bon sens, leur impact risque d’être limité. D’une part parce qu’elles ne concernent qu’Orange, et pas les autres opérateurs. Et d’autre part parce que rien ne dit que cette fois, l’ancien opérateur historique respectera ses engagements. Le jour de la publication de ce nouveau plan, l’Arcep dévoilait avoir infligé à Orange une amende de 26 millions d’euros pour ne pas avoir tenu ses premiers engagements de déploiement de la fibre dans les zones Amii.