Marie-Noëlle Delaby
Étiquetage nutritionnelLa contre-attaque des confiseurs
Alors que le gouvernement vient d’officialiser le choix du Nutri-Score comme logo nutritionnel officiel, la fédération des produits de l’épicerie invite ses adhérents à adopter un autre logo, pourtant débouté par le gouvernement, et moins sévère envers les produits gras et sucrés. Un contrefeu qui montre que la guerre des étiquetages n’est pas finie.
Il n’y aura pas de trêve des confiseurs entre pro- et anti-Nutri-Score. Le 31 octobre, les ministères de la Santé et de l’Agriculture signaient l’arrêté définissant le fameux logo, élaboré d’après les travaux de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), comme le seul étiquetage nutritionnel simplifié français. Mais Alliance 7, la fédération des produits de l’épicerie qui défend les intérêts des professionnels de la confiserie, des céréales du petit déjeuner ou encore des biscuits et gâteaux, ne l’entend pas de cette oreille. Et fait, elle fait même carrément mine de ne pas être au courant. Le syndicat professionnel vient d’envoyer à tous ses adhérents une lettre d’engagement incitant à adopter le contre-système « Nutri-couleurs » développé par Coca-Cola, Nestlé, Mars, Mondelez, Pepsico et Unilever.
Logo autoproclamé
Le pictogramme des multinationales de l'agroalimentaire (voir ci-dessous), inspiré du modèle anglais des feux tricolores, ne comprend pas une, mais cinq indications nutritionnelles. Non seulement ce système, analytique et non synthétique, peine à apporter une information claire et directement interprétable par le consommateur, mais contrairement aux systèmes officiels anglais et français, le Nutri-couleurs calcule une valeur nutritionnelle non pas aux 100 g mais à la portion. Libre à chacun donc de choisir la taille de la portion retenue pour faire son calcul… Et celle-ci pourrait être bien légère dans le cas des produits les moins sains. À travers ce contre-feu, Alliance 7 cherche tout bonnement à parasiter l’information nutritionnelle simplifiée. Reste à savoir, alors que l’attente des consommateurs vis-à-vis d’une information nutritionnelle simplifiée est forte, quel camp les fabricants choisiront.