Arnaud Murati
Comment résister à l’inflation
Dans un contexte de forte hausse des prix, les Français sont obligés de trouver des parades dans tous les domaines pour préserver leur pouvoir d’achat. Ainsi, les dépenses liées à l’automobile ont récemment évolué pour se concentrer plus que jamais sur l’essentiel.
D’après l’association SRA, qui réalise des estimations de coûts de réparation pour le compte des assureurs, le coût moyen d’un même panier de pièces détachées a progressé de 8,2 % au premier trimestre 2023, après une hause de 12,69 % en 2022. Il n’est donc pas étonnant de constater que les automobilistes rognent sur la dépense.
La première dépense d’entretien courant, ce sont les pneus : « Nous observons effectivement un glissement du marché des pneus premium vers des pneus que nous nommerons medium, quality ou budget », indique Dominique Stempfel, président du syndicat du pneu. Il faut en effet savoir que les automobilistes français avaient jusqu’alors la particularité de ne rouler quasiment qu’avec des pneus de grandes marques : Michelin, Pirelli, Dunlop, etc. Autant de manufacturiers qui perdent désormais des parts de marché au profit de pneus au positionnement tarifaire inférieur. Attention, cependant : il ne s’agit pas de se mettre en danger, ni d’acheter des produits premiers prix… qui se révéleraient in fine encore plus coûteux que des pneus haut de gamme : « Certains pneus qui ne viennent pas d’Europe sont 2 fois moins chers, mais s’usent 3 fois plus vite », observe Dominique Stempfel. Toutefois, certains des modèles vendus 20 à 30 % moins cher que les marques « premium » obtiennent de très bons résultats à notre test de pneus.
Sur une opération courante telle que la vidange, il est aussi possible de gagner quelques euros. Carter Cash vend depuis plusieurs mois de l’huile « régénérée », ce qui est une première en France. Cette huile moteur est un produit recyclé. Ses qualités ne sont sans doute pas équivalentes à celles des huiles dernier cri, mais le moteur d’une voiture relativement âgée n’y verra guère d’inconvénient. L’huile « régénérée » se vend à 3,48 €/l (pour un conditionnement de 4 l) au sein de l’enseigne nordiste, quand le premier prix d’une huile de grande marque se situe à 5,28 €/l.
Plus de 50 % d’économies avec les pièces d’occasion
Lorsqu’il s’agit d’interventions un brin plus techniques, il est souvent nécessaire de se fournir en pièces détachées. Compte tenu des augmentations tarifaires constatées, les automobilistes se sont logiquement tournés vers les solutions les moins onéreuses. La tendance n’est toutefois pas uniforme, car la demande en pièces à bas prix excède l’offre. Chez Surplus auto par exemple (géant de la démolition auto et moto en Occitanie), le chiffre d’affaires généré par la vente de pièces d’occasion a progressé de près de 18 % au premier trimestre. Pour Back2car (Alliance Automotive Group), qui commercialise les pièces d’occasion de 6 démolisseurs en France, « à partir de septembre 2022, nous avons commencé à dépasser les objectifs qui avaient été fixés pour 2023 », explique Luc Fournier, directeur de l’activité pièces issues de l’économie circulaire. Il faut dire que les économies induites par les pièces d’occasion sont très significatives : de – 50 à – 70 %, selon l’élément recherché. Back2car propose par exemple un alternateur Valeo de Renault Clio de 2007 pour 64,90 €. Neuve, la même pièce est vendue 187,90 € sur Internet, soit 65,4 % d’économies réalisées grâce à l’alternateur d’occasion.
Les pièces d’occasion ne pouvant satisfaire tous les besoins, les consommateurs se sont aussi massivement tournés vers les marques à moindre coût : « Les produits dont l’inflation a dépassé les 10 % trouvent moins leur public », remarque Patrick Desmasures, directeur général d’Oscaro.com. Les lignes de pièces dites MDD (marques de distributeurs) sont ainsi en train de rafler la mise : ces dernières permettent « 20, 30 à 40 % » d’économies selon le directeur d’Oscaro : « Notre catalogue a un peu plus que doublé en 18 mois », continue Patrick Desmasures, qui ne cache pas que devant l’engouement actuel, la marque de pièces Oscaro va très prochainement proposer batteries, essuie-glaces ou éléments de freinage au meilleur coût. Une situation que confirme Julien Bognandi, directeur du pôle « marques de distribution » au sein d’Autodistribution. Selon l’intéressé, la marque Isotech, propre à Autodistribution, représente à ce jour environ 15 % des pièces vendues par l’enseigne. Hier, c’était encore 10 % : « L’accélération a vraiment été ressentie à partir de décembre-janvier », indique-t-il. Isotech disposait de 5 000 références à l’été dernier ; fin 2022, elles étaient 7 000, et elles devraient atteindre les 10 000 à la fin du mois prochain, d’après Autodistribution.
Réparer plutôt que changer
Il est enfin une dernière solution avant de devoir recourir aux éléments neufs de grande marque : la réparation. Une idée qui tombe sous le sens, et qui revient en force dans nos sociétés actuelles. « L’informatique embarquée devient prépondérante. Plus le véhicule est récent, plus elle est présente. Aujourd’hui, en moyenne, elle représente plus de 20 % de la valeur d’un véhicule », note Olivier Hélore, le responsable des services à la réparation d’Autodistribution. Désormais, il est possible de faire réparer les calculateurs moteurs, les cartes électroniques de boîtes de vitesses, les boîtiers ABS, les afficheurs, les GPS… Faire réparer ces éléments informatiques permet des économies de l’ordre de 50 % par rapport au remplacement par des pièces neuves.