Anne-Sophie Stamane
Entreparticuliers.comDans le collimateur
Le P-DG d'Entreparticuliers.com, Stéphane Romanyszyn, comparaissait pour pratique commerciale trompeuse et publicité mensongère, suite aux plaintes de dizaines de consommateurs. Il risque une grosse amende et 3 mois de prison avec sursis.
Stéphane Romanyszyn, P-DG du site d'annonces immobilières Entreparticuliers.com, n'a cessé de le marteler au cours de l'audience : la satisfaction du client, ce n'est pas seulement une priorité, c'est une réalité. « Pour 1 000 utilisateurs contents, il y en a un seul qui ne comprend pas le fonctionnement du site, je suis désolé pour celui-là », a-t-il expliqué alors qu'il comparaissait, vendredi 5 juin, devant le tribunal de Nanterre pour publicité mensongère et pratiques commerciales trompeuses. Mais ses affirmations, confrontées aux dizaines de plaintes de clients mécontents, n'ont pas convaincu. Le procureur, soulignant qu'il avait « rarement vu un nombre aussi élevé de victimes dans un procès-verbal de la Direction des fraudes », a requis 50 000 euros d'amende contre l'entreprise, ainsi que 3 mois de prison avec sursis et 10 000 euros d'amende contre Stéphane Romanyszyn. Le jugement sera rendu le 2 juillet prochain.
Tarifs flous
Les consommateurs, dont 104 ont porté plainte devant la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) et une dizaine se sont portés partie civile, ont d'abord dénoncé aux autorités le flou entourant le tarif de base d'une annonce. Celui-ci (95 euros pour 12 semaines) n'apparaît qu'une fois rempli le descriptif du bien à vendre. Et si l'utilisateur s'avise d'abandonner son inscription à ce stade, il est rapidement relancé par le service commercial afin de valider la transaction. Ce qu'il accepte en général grâce à un argument choc : Entreparticuliers.com explique en effet au vendeur que l'annonce a été mise en ligne sans son accord, et que de nombreux acheteurs potentiels se sont déjà manifestés. Difficile de résister... L'autre point noir concerne l'ajout de photos. Cette option, systématiquement proposée mais dont le prix n'apparaissait nulle part sur le site à l'époque, est validée par téléphone. Et l'accord du vendeur est recueilli de telle façon qu'il n'a pas le temps de réaliser que le tarif, de 95 euros pour 12 semaines, passe à 145 euros... par mois ! « À la lecture des plaintes, a résumé le représentant de la DGCCRF, on avait l'impression que pour Entreparticuliers.com, il s'agissait non seulement de ferrer le poisson mais aussi d'en tirer le maximum. » Car la garantie de remboursement au bout de 6 mois si le bien n'avait pas été vendu était des plus difficiles à faire appliquer, Entreparticuliers.com exigeant soudain un certificat de non-vente que les conditions générales de vente ne mentionnaient nullement.
L'UFC-Que Choisir, qui avait dénoncé les pratiques de ce site dans un article paru en avril 2008, s'est constituée partie civile, et a demandé au juge 40 000 euros de dommages et intérêts. L'association a également demandé que le tribunal prenne des dispositions pour faire cesser les agissements d'Entreparticuliers.com, qui perdurent aujourd'hui encore.