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Rosine Maiolo
Dispositif expérimental visant à réguler les prix de l’immobilier locatif, l’encadrement du niveau des loyers, complémentaire de l’encadrement de l’évolution des loyers, a récemment été validé par le Conseil d’État. Principales conséquences pour les locataires et les bailleurs.
Oui, parfaitement. Mais comme tout principe, il souffre plusieurs exceptions. La liberté dans la fixation du prix concerne désormais uniquement les zones sans tensions locatives. Ailleurs – c’est-à-dire en présence d’un fort déséquilibre entre l’offre et la demande de logement – il existe deux dispositifs :
L’encadrement est en vigueur :
Oui, a récemment répondu le Conseil d’État qui a ainsi validé le dispositif. Il a estimé que « si ces dispositions permettent aux préfets de fixer des “loyers de référence” qui seront susceptibles de limiter l’exercice du droit de propriété, cette limitation, au demeurant introduite par la loi à titre expérimental, présente un rapport raisonnable de proportionnalité avec l’exigence d’intérêt général qu’elle poursuit » (CE du 10/05/2222 nos 431495, 454 450, 449 603 et 442 698).
Lors de la signature d’un nouveau bail, le bailleur ne peut pas réclamer un loyer de base, hors charges et hors complément de loyer, supérieur au « loyer de référence majoré » applicable au logement à la date de conclusion du contrat. Impossible également de réclamer un loyer inférieur au loyer de référence minoré applicable.
Le propriétaire peut envisager un complément de loyer si le logement présente des caractéristiques particulières en termes de localisation ou de confort tels qu’une terrasse, un jardin, une vue sur un monument, des équipements luxueux, etc. Le montant du complément de loyer et les raisons qui le justifient doivent alors être indiqués dans le contrat de location. Le locataire peut contester le complément de loyer devant la commission de conciliation dans les 3 mois suivant la signature du bail, puis devant le juge dans un délai supplémentaire de 3 mois à défaut de conciliation.
Chaque année, les préfectures concernées publient des arrêtés fixant des loyers de référence, des loyers de référence majorés (de 20 % par rapport au loyer de référence) et des loyers de référence minorés (de 30 % par rapport au loyer de référence). Exprimés en euros par mètre carré de surface habitable, ils varient selon la catégorie du logement (location vide ou meublée, nombre de pièces, époque de construction, secteur géographique).
Pour simuler les loyers à appliquer :
Une action en diminution de loyer peut être engagée par le locataire si le loyer de base de son contrat est supérieur au plafond. Le locataire peut aussi contester le complément de loyer devant la commission de conciliation dans les 3 mois suivant la signature du bail, puis devant le juge dans un délai supplémentaire de 3 mois à défaut de conciliation.
Lors du renouvellement du bail, une action en diminution de loyer peut être engagée par le locataire si le montant de son loyer (hors charges et hors complément de loyer) est supérieur au loyer de référence majoré. Côté bailleur, une action en réévaluation de loyer peut aussi être envisagée si le loyer (hors charges et hors complément de loyer) est inférieur au loyer de référence minoré. Dans ces deux cas, l’une ou l’autre des parties peut proposer un nouveau loyer, au moins 6 mois avant le terme du bail pour le bailleur et au moins 5 mois avant pour le locataire. En cas de désaccord, ou sans réponse 4 mois avant le terme du bail, l’une ou l’autre des parties peut saisir la commission départementale de conciliation puis le juge, avant la fin du bail.
Lorsque les parties s’accordent sur une hausse de loyer ou si elle est fixée judiciairement, elle s’applique par tiers (bail de 3 ans) ou par sixième (bail de 6 ans), et obligatoirement par sixième si elle est supérieure à 10 %. Chaque fraction de la hausse de loyer peut ensuite être revalorisée en fonction de l’évolution annuelle de l’IRL, comme le loyer en principal, si le bail contient une clause d’indexation du loyer. Quand les parties s’accordent sur une baisse de loyer ou si elle est fixée judiciairement, elle s’applique intégralement dès le renouvellement du bail. Sans accord des parties ou décision de justice, le bail est reconduit aux conditions antérieures de loyer. Le bailleur ne peut pas revaloriser son montant, et le locataire ne peut pas exiger qu’il diminue.
Le 16 mai dernier, le préfet du Nord signait un arrêté de sanction condamnant un propriétaire à une amende administrative de 9 000 € en raison d’un loyer qui dépassait l’encadrement en vigueur. Le bailleur sanctionné louait un T1 à Lille au prix de 450 € alors que le loyer de référence majoré était d’un peu moins de 350 €. Afin de favoriser le contrôle de l’application de l’encadrement des loyers, la ville de Lille a mis en place un partenariat avec la Métropole européenne de Lille et l’État donnant la possibilité aux locataires de signaler directement la non-application des loyers de référence via le site Internet de la ville : https://encadrement-loyers.lille.fr. Il a d’ores et déjà permis le signalement à la préfecture d’une cinquantaine de situations irrégulières, en cours d’instruction par les services de l’État. D’autres condamnations pourraient ainsi être prochainement prononcées.
Pour tous les baux conclus à compter du 25 août 2022, et si le logement appartient à la classe énergétique F ou G, il devient impossible pour le bailleur de dépasser le dernier loyer appliqué au précédent locataire, quelle que soit la zone géographique dans laquelle il se situe. De même, le loyer ne pourra pas être indexé en cours de bail ni réévalué lors du renouvellement. Mais ces mesures comprennent quelques exceptions.
Rosine Maiolo
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