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Elsa Casalegno
Le compostage des emballages plastiques figure parmi les solutions mises en avant auprès des consommateurs pour limiter les dégâts causés par la pollution plastique. Fausse bonne idée ! On vous explique pourquoi.
La planète croule sous le plastique abandonné dans l’environnement. Ainsi, « la moitié des objets trouvés sur les plages de l’Union européenne sont des articles en plastique à usage unique, notamment des emballages et contenants », souligne l’Agence de la transition écologique (Ademe) dans un avis du 25 mai 2023. Face à ce problème majeur de pollution, les emballages en plastique compostables semblent à première vue une bonne idée. Or la réalité n’est pas si simple.
Pour être compostés, les plastiques doivent se biodégrader selon des normes et des conditions industrielles précises, ce qui n’est pas le cas en milieu naturel. Cela ne peut donc concerner qu’une minorité des emballages. Et les déchets portant la mention « compostable », abandonnés sur les plages ou dans les bois, ne seront sans doute pas dégradés en compost, mais plus probablement fragmentés en microplastiques, avec le cortège de nuisances qui les accompagnent. « Un plastique, même compostable, reste un plastique », rappelle l’Ademe.
Attention également à ne pas confondre compostage et recyclage. En effet, les plastiques compostés ne sont pas recyclés, au contraire : lors de ce processus, ils sont dégradés en CO2 ou en méthane, deux puissants gaz à effet de serre, et éventuellement en d’autres résidus. Ils ne possèdent pas de valeur fertilisante pour les plantes, contrairement aux biodéchets (des matières organiques comme les résidus de repas, les déjections, etc.) après compostage ou méthanisation.
De ce fait, l’Ademe ne signale qu’une utilisation réellement intéressante pour les plastiques compostables : quand ils permettent de collecter davantage de biodéchets en tant que contenants. C’est par exemple le cas des sacs compostables pour la collecte des déchets alimentaires, ou les capsules de café composées à plus de 95 % de papier. Et cet intérêt est à relativiser puisque dans la plupart des cas, les sacs sont retirés (et envoyés en général à l’incinération) pour ne pas déstabiliser le processus de compostage.
« Faire le choix d’un emballage en plastique compostable ne constitue donc pas une solution face à l’enjeu de pollution générée par les plastiques dans l’environnement », conclut l’Ademe. Le mieux reste de ne pas produire ces déchets. À défaut, le réemploi (nouvelle utilisation de l’emballage, par exemple les bouteilles consignées) est la meilleure alternative. Viennent ensuite le recyclage (récupération de la matière de l’emballage, pour l’utiliser après nouvelle transformation) puis le compostage, et l’incinération en dernier recours.
Elsa Casalegno
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