Élisabeth Chesnais
Les huiles minérales toxiques pointées par l’Anses
Que Choisir avait tiré la sonnette d’alarme dès 2011 en dénonçant les huiles minérales dérivées du pétrole qui migrent dans nos aliments. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) recommande à son tour d’en limiter l’usage pour réduire la contamination des denrées alimentaires.
La preuve par des semoules de couscous, des pâtes, du riz, de la chapelure et du sucre. Dès 2011, l’UFC-Que Choisir accusait les emballages alimentaires en carton et leurs encres de contaminer les aliments qu’ils contiennent et exigeait la mise en place sans délai d’une réglementation pour protéger la santé des consommateurs.
L’année suivante, dans un avis relatif à ces huiles minérales présentes dans les denrées alimentaires, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) considérait l'exposition aux hydrocarbures saturés d’huile minérale, les MOSH, « préoccupante » et l'exposition aux hydrocarbures aromatiques d’huile minérale, les MOAH, « particulièrement préoccupante ». Fin 2015, l’association Foodwatch enfonçait le clou avec des analyses sur 120 produits alimentaires vendus en Allemagne, aux Pays-Bas et en France. Dans l’Hexagone, les lentilles corail Auchan détenaient le record de contamination par ces substances soupçonnées d’être cancérogènes et mutagènes.
Dans un avis rendu ce 9 mai, après avoir rappelé le caractère génotoxique et mutagène de certains hydrocarbures aromatiques, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) recommande de limiter l’exposition des consommateurs en imposant « des encres d’impression, colles, additifs et auxiliaires technologiques exempts de MOAH dans le procédé de fabrication des emballages en papier et en carton ». L’Agence cible tout particulièrement les journaux et autres papiers graphiques qui sont identifiés comme les principales sources d’huiles minérales des emballages en papier et carton recyclés. Ce problème est clairement identifié en Allemagne où le recyclage mélange toutes les fibres, si bien que le carton recyclé comprend une part significative de journaux et magazines. En France à l’inverse, les journaux et magazines ont leur propre filière, ils sont recyclés pour l’imprimerie. Reste qu’il est impossible d’acheter un aliment en étant sûr que son carton d’emballage soit « made in France » !
En attendant un durcissement de la réglementation, Que Choisir déconseille le stockage d’aliments secs à l’avance, la migration augmente avec le temps. On peut aussi sortir les aliments de leur emballage carton pour les conserver dans un bocal ou un pot en verre.