Fabrice Pouliquen
Électricité renouvelable (vidéo)Vous et vos panneaux solaires
Installer des panneaux photovoltaïques vaut-il le coup ? Pour le savoir, nous avons sondé les abonnés à notre newsletter hebdomadaire qui avaient franchi le pas. Configuration de l’installation, montant investi, gains dégagés, difficultés rencontrées… Voici la synthèse des 1 556 réponses obtenues.
Le solaire a le vent en poupe. Enedis, le gestionnaire du réseau de distribution de l’électricité qui comptait 556 039 foyers français équipés de panneaux solaires mi-2024 (un nombre multiplié par 3 en 2 ans), n’est pas le seul à le constater. L’enquête que nous avons menée début septembre auprès de la communauté Que Choisir laisse aussi entrevoir cette accélération.
Au total, 1 556 abonnés à notre newsletter et équipés de panneaux photovoltaïques nous ont répondu. Parmi eux, 350 s’étaient équipés avant 2015, 202 entre 2015 et 2020… puis 329 rien qu’entre 2021 et 2022 et même 696 depuis 2023. Difficile de ne pas corréler ce boom des installations avec la crise énergétique post-covid. Le prix du kWh d’électricité, au tarif réglementé, est passé de 14 centimes d’euros en 2015 à 25,2 actuellement.
Un budget moyen d’installation à 10 500 €
Produire son électricité solaire devient alors une solution intéressante pour se protéger de ces hausses amenées à se poursuivre, au moins dans l’immédiat. D’autant plus qu’en parallèle, le coût des installations photovoltaïques chute ces dernières années. Le budget moyen investi par nos 1 556 répondants est de 10 500 €. Mais ceux qui se sont équipés avant 2015 ont déboursé en moyenne 20 000 €. La forte hausse de la production mondiale de panneaux et les économies d’échelle induites expliquent en grande partie cette division par deux du budget moyen d’installation. Mais d’autres facteurs entrent en jeu. Celui déjà de pouvoir se contenter de moins de panneaux que par le passé. C’est tout le paradoxe : alors que la puissance moyenne des installations de nos répondants augmente – on est passé en moyenne de 3,3 kilowatts/crête (kWc) à 3,8 kWc entre 2015 et 2024 ‒ le nombre moyen de panneaux par installation fait le chemin inverse. Il est passé de 14 en 2015 à 9 aujourd’hui.
Les techniques d’installation ont changé également, ce qui participe là encore à la baisse globale des coûts d’installation. Jusqu’à l’arrêté tarifaire du 9 mai 2017, les panneaux devaient obligatoirement être intégrés à la toiture, ce qui impliquait d’enlever des tuiles ou ardoises. Non seulement cette technique peut poser des problèmes d’étanchéité – les installations mal conçues laissant s’engouffrer la pluie ou l’air extérieur dans la maison ‒ mais elle est aussi plus chère (entre 500 et 1 500 € supplémentaires) que la surimposition en toiture qui s’est largement imposée depuis. Dans ce cas de figure, les panneaux ne sont plus intégrés dans le toit mais fixés à des rails par-dessus les ardoises ou les tuiles. Avec cet avantage, en plus du prix, que les panneaux sont ainsi mieux ventilés et affichent une meilleure productivité. 80 % des installations récemment faites par nos répondants l’ont été selon cette technique, contre 6 % pour l’intégration.
Le reste est installé au sol (10 %) ou aux balcons et murs de la maison (4 %). On peut y voir l’éclosion sur le marché des kits solaires « plug and play » auxquels Que Choisir a consacré un test en septembre 2024. Moins chers qu’une installation classique, faciles à monter, ces kits ont pour mérite de démocratiser l’accès à la production d’énergie solaire. Mais gare à la déception : leur puissance de production est moindre. Or, dans notre enquête, les plus déçus de leurs investissements sont ceux équipés d’installations aux puissances inférieures à 2 kWc ou qui produisent moins de 1 000 kWh par an.
De la vente totale à l’autoconsommation
En moyenne, nos 1 556 répondants produisent 3 500 kWh par an. 21 % vont même au-delà des 6 000 kWh. Mais l’enjeu n’est pas tant le volume d’électricité produite que la capacité à la valoriser. Dans cette optique, les particuliers qui se sont équipés avant 2015 ne sont pas les plus malheureux. Certes, ils ont acheté au prix fort leurs installations (budget moyen de 20 000 €). Mais à l’époque, ils signaient des contrats de vente totale de l’électricité produite à des tarifs très intéressants et bloqués pendant 20 ans. À plus de 60 centimes d’euros le kWh, nous confient plusieurs participants à notre enquête qui se sont équipés à la fin des années 2000.
Avec de tels contrats, ces premiers convertis au photovoltaïque ont pu rapidement amortir leurs panneaux. « Dès 2016 pour une installation faite en 2009 », détaille l’un d’eux. Surtout, les 20 ans étant rarement écoulés, ils continuent à se dégager des revenus important chaque année. De l’ordre de 1 200 € par an pour ceux à s’être équipés avant 2015. Sans grande surprise, leur niveau de satisfaction est très élevé.
De tels contrats n’ont plus cours aujourd’hui. En vente totale de l’électricité produite, le tarif de rachat auprès d’EDF OA est en ce moment de 12,05 cts le kWh pour les installations d’une puissance inférieure ou égale à 3 kWh et de 10,24 cts pour celle inférieure ou égale à 9 kWc. Mais depuis 2018, une autre façon de valoriser l’énergie produite s’est développée petit à petit pour devenir le modèle économique dominant aujourd’hui. C’est l’autoconsommation, autrement dit la consommation pour ses usages de tout ou partie de l’énergie que l’on produit. Le surplus, lorsqu’il y en a, est réinjecté dans le réseau et peut être revendu. Le tarif de rachat est actuellement de 12,76 cts pour les installations inférieures ou égales à 9 kWh.
Réduire au maximum le surplus
En jouant sur ces deux tableaux, les particuliers qui se sont équipés entre 2019 et 2022 disent économiser 500 € par an en moyenne sur leur facture, grâce à l’autoconsommation, et dégager 200 € de revenus via la vente de surplus. Un gain de 700 € au total donc. On est loin des 1 200 € annuels que dégagent en moyenne ceux qui se sont équipés avant 2015. Mais en tenant compte de la chute des coûts d’installation et de l’envolée actuelle des prix de l’électricité, le retour sur investissement redevient rapide. On le voit d’ailleurs dans notre enquête : alors que la satisfaction à l’égard de leur installation photovoltaïque est globalement mitigée pour ceux qui ont investi entre 2015 et 2018, elle redevient élevée chez ceux qui se sont équipés après 2019.
Tout l’enjeu, dans le contexte actuel, est de pouvoir autoconsommer le plus possible l’électricité solaire produite. En clair : d’avoir le moins de surplus possible dont le prix de rachat est aujourd’hui peu intéressant. L’exercice n’est pas simple, sachant que cette production se fait en grande partie aux heures méridiennes de la journée lorsque, dans bien des cas, on n’est pas chez soi.
Nos 1 556 répondants sont encore peu nombreux (6 %) à posséder des batteries domestiques pour panneaux solaires qui permettent de stocker une partie de l’électricité produite. Plusieurs disent y songer mais estiment aujourd’hui ces batteries trop onéreuses ou peu rentables. En revanche, ces particuliers producteurs d’énergie solaire ont, dans leur majorité, fait évoluer leurs comportements pour mettre le plus possible de leur consommation d’électricité en face de leur production. Ainsi, ils disent à 71 % programmer le fonctionnement des appareils électroménagers en journée ou encore à 58 % effectuer davantage de tâches ménagères en journée. Autre statistique marquante : ils sont 19 % à disposer d’un véhicule électrique. L’avantage de ces véhicules électriques est de pouvoir programmer leur recharge et de la faire démarrer en journée lorsque les panneaux produisent.
Ne cédez pas au démarchage
La grande majorité des participants à notre enquête ne regrettent pas d’avoir investi dans des panneaux photovoltaïques. Certes, 14 % ont rencontré des difficultés administratives au moment de s’équiper. Ils évoquent des délais très longs pour avoir les autorisations en mairie, obtenir les aides, avoir la visite du Consuel… 7 % ont également été confrontés à des problèmes techniques lors de l’installation (tuiles cassées, onduleurs inadaptés à l’installation électrique, mauvaises poses). Enfin, 12 % des installations ont essuyé des pannes depuis leur mise en route. Elles surviennent après plus de 5 ans (39 % des cas) et ces problèmes concernent principalement (à 55 %) l’onduleur, pièce maîtresse d’une installation photovoltaïque chargé de convertir l’électricité produite par les panneaux en courant alternatif injectable sur le réseau.
Le principal écueil concerne le démarchage. 7 % se sont lancés dans le photovoltaïque après avoir rencontré un démarcheur. Dans leur cas, l’installation a généré de nombreux soucis (3 fois plus que la moyenne) et les coûts d’installation sont prohibitifs (17 000 € en moyenne soit 40 % au-dessus de la moyenne). Pour autant, la production d’électricité est loin d’être au rendez-vous (inférieure à 2 700 kWh par an contre 3 500 kWh en moyenne). Forcément, ils comptent parmi les plus déçus.