Élisabeth Chesnais
Éco-prêt à taux zéroSuccès en trompe-l'oeil
Malgré le nombre important d'éco-prêts à taux zéro accordés pour la rénovation énergétique des logements, tous les voyants ne sont pas au vert. En cause principalement, la nature des travaux engagés dans le cadre de l'éco-prêt.
Cinquante mille éco-prêts à taux zéro accordés pour la rénovation énergétique des logements en 6 mois, « un gros succès », s'est félicité le ministre de l'Écologie Jean-Louis Borloo. « Que Choisir » aimerait partager cet enthousiasme. Pourtant, à y regarder de près, les travaux engagés dans le cadre de l'éco-prêt ne correspondent pas aux enjeux environnementaux et climatiques qui imposent de diviser la consommation d'énergie et pas seulement de la réduire. Les travaux les plus prisés, c'est le remplacement des fenêtres couplé à l'amélioration du système de chauffage. L'isolation de la toiture est réalisée dans à peine un quart des cas alors que c'est le gisement d'économies d'énergie le plus important. La toiture mal isolée, c'est 30 % de la chaleur produite qui s'évapore. C'est donc le poste de déperditions à traiter en priorité (lire notre enquête). D'autant qu'en 2008, le Club de l'amélioration de l'habitat et l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) ont dressé des bilans peu flatteurs des travaux d'amélioration énergétique des logements effectués par les particuliers (lire notre enquête). Or ces travaux peu efficaces en termes de gain énergétique portaient essentiellement sur le changement de fenêtres et le chauffage. Il est dommage que le gouvernement n'en ait tiré aucune leçon pour l'éco-prêt. Les bouquets de travaux actuellement privilégiés sont une opportunité formidable pour les professionnels du vitrage et du chauffage, ils améliorent le confort des occupants, en revanche la forte réduction des consommations, donc des factures d'énergie, ne sera pas au rendez-vous.