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Échalotes traditionnellesVictimes de contrefaçons

Les « échalotes de semis », hybrides d’oignons, se font passer pour des échalotes traditionnelles. Elles laissent un goût amer à la filière.

Une fois de plus, les 450 producteurs français d’échalotes traditionnelles tirent la sonnette d’alarme. Depuis plus de dix ans, la filière est victime d’une concurrence déloyale de la part d’un semencier néerlandais qui commercialise des hybrides d’oignons sous l’appellation « échalotes de semis ». Une véritable tromperie car l’échalote traditionnelle est une plante à bulbes plantée à la main et récoltée de même tandis que la version hybride est semée et récoltée mécaniquement.

Les producteurs français avaient cru sortir de l’impasse, quand, en 2005, un accord européen avait été trouvé pour définir ce qu’est un oignon et une échalote. Les semenciers avaient alors dû retirer les échalotes de semis du catalogue officiel européen. La réinscription de ces variétés ne pouvait intervenir qu’à condition de satisfaire au nouveau protocole défini par l’Office communautaire des variétés végétales (OCVV) prouvant qu’il s’agissait bien d’échalotes de semis. Seulement voilà, « le semencier hollandais a réinscrit les mêmes variétés sans passer par la procédure. Et le ministère de l’Agriculture néerlandais a fermé les yeux », a déclaré Pierre Bihan-Poudec, président de la section nationale des producteurs d’échalotes traditionnelles, au cours d’une conférence de presse à Paris le 25 avril 2013. Suspectant la supercherie, la filière a demandé au Groupe d’étude et de contrôle des variétés et des semences (Geves) de vérifier que ces variétés respectent bien le cadre juridique européen. Au terme de cette étude qui a duré deux ans, les doutes des professionnels ont été confirmés : Armador, Conservor, Obelisk, Ambition… ces variétés aux noms pittoresques sont en réalité de vulgaires oignons !  

Fort de ces résultats, la section nationale a annoncé son intention de saisir la Direction générale de la santé et des consommateurs de l’Union européenne (DG Sanco) afin qu’elle mette en demeure le ministère de l’Agriculture néerlandais de respecter le protocole d’inscription des variétés d’échalotes. Cette procédure pourrait déboucher sur une mise sous astreinte des Pays-Bas par l’Union européenne tant que le protocole ne sera pas respecté. « Si rien n’est fait, les producteurs d’échalote traditionnelle ne pourront pas lutter », a estimé Hubert Le Nan, producteur d’échalotes à Plouescat (29). La culture d’échalotes traditionnelles nécessite en effet 450 heures de travail par hectare contre 50 heures pour les oignons. Grâce à cette diminution des coûts de main d’œuvre, les échalotes de semis représentent aujourd’hui environ 10 % du marché national, soit un manque à gagner de 3 millions d’euros pour les producteurs d’échalotes traditionnelles.

Pour la filière, les enjeux de ce nouveau conflit sont doubles : au-delà de la défense du consommateur, il s’agit aussi de défendre le patrimoine cultural et culturel français. L’échalote traditionnelle se distingue des autres variétés d’échalotes et d’oignons par la richesse de ses arômes et par ses notes piquantes et poivrées. Lors de la cuisson, sa saveur devient plus douce et plus sucrée. Que serait une bavette sans ses traditionnelles échalotes !

Florence Humbert

Florence Humbert

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