Anne-Sophie Stamane
Dossier médical personnelNouveau départ ?
On finissait par ne plus y croire : après 5 années d'enlisement et 73 millions d'euros engloutis sans résultat, le dossier médical personnel (DMP) est relancé par le ministère de la Santé.
Ce devait être le pilier de la réforme de l'assurance maladie d'août 2004, c'est devenu, au fil des années, l'Arlésienne. En dépit des belles paroles de l'époque et de quelques expérimentations, le dossier médical personnel (DMP) n'est toujours pas sur les rails. Pas découragé par cet échec patent, le ministère de la Santé vient de rouvrir le chantier. Avec, cette fois, un discours mesuré et un calendrier prudent. Si 2009 sera « l'année du passage à l'acte » dans certaines régions « pilotes », a affirmé Roselyne Bachelot lors d'une conférence publique consacrée au sujet, 2010 devrait être celle des premiers dossiers pour l'ensemble de la population. « Il reste beaucoup d'incertitudes », a toutefois nuancé Michel Gagneux, nouveau président du GIP-DMP. Aussi bien sur le temps qu'il faudra pour généraliser un tel outil que sur son coût. Un budget pluriannuel devrait être fixé d'ici à la fin de l'année.
Historique médical
Pour les patients, les choses semblent se préciser. Stocké sur Internet, le DMP constituera une sorte d'historique médical. Synthèse de l'état de santé, radios, analyses biologiques, compte rendu d'hospitalisation, vaccination, allergies, antécédents, ordonnances, etc. : tout y sera. Le document sera consultable de chez soi, grâce à un mot de passe à usage unique. Chacun gardera la main sur ce qui y figure, puisqu'il sera possible de refuser d'inscrire tel ou tel épisode ou traitement. Ouvrir un dossier ne sera d'ailleurs pas obligatoire. Enfin, une série de services sera disponible via le DMP, comme les rappels de vaccination, la réception de résultats d'analyse, ou les échanges de courriels sécurisés avec le médecin traitant. À terme, les professionnels de santé alimenteront le dossier au fur et à mesure, et de façon sécurisée, en utilisant leur carte professionnelle. Les médecins du travail et des compagnies d'assurances n'auront évidemment pas accès au DMP.
D'ici là, il y a du pain sur la planche. Notamment pour garantir la confidentialité des données. Les référentiels que les hébergeurs devront respecter restent à construire, et l'identifiant national de santé dont disposera chaque patient ne sera pas disponible avant 1 an.