Anne-Sophie Stamane
Dossier médical personnelLoin du compte
Début 2011, l’Agence des systèmes d’information partagés de santé, chargée de populariser les nouvelles technologies dans la santé, ambitionnait la création de 500 000 dossiers médicaux personnels en un an. Le cap des 100 000 vient seulement d’être franchi.
Jean-Yves Robin, directeur de l’Agence des systèmes d’information partagés de santé (ASIP Santé), l’a reconnu à l’occasion de la conférence annuelle de cet organisme : relancé début 2011, le dossier médical personnel (DMP), document informatique compilant pour une même personne examens radiologiques et biologiques, comptes rendus d’opération et synthèse actualisée de l’état de santé, et accessible aux professionnels de santé sur autorisation du patient, a quelques mois de retard. La création de 500 000 dossiers fin 2011 était planifiée, 100 000 seulement le sont effectivement. D’ici à la fin 2012, 300 000 dossiers devraient être créés.
Plutôt que d’y voir la redite d’une histoire faite, depuis 2004, de faux départs, d’illusions perdues et de millions gaspillés, l’ASIP Santé préfère souligner que, désormais, le DMP existe sur le terrain. Des hôpitaux en proposent l’ouverture à leurs patients, des médecins libéraux s’y sont mis également. Mais il reste des freins importants, comme le faible équipement des professionnels de santé en logiciels métier « DMP compatibles ». Les éditeurs ont mis à leur disposition des versions intégrant le DMP, mais encore faut-il que les médecins achètent et effectuent la mise à jour. Sur le plan psychologique, franchir le pas n’est pas non plus une mince affaire : les médecins doivent accepter, en inscrivant dans le dossier traitements et diagnostic, d’être exposés au regard des confrères amenés à consulter ces données. Enfin, l’ouverture, et surtout l’alimentation d’un DMP demande du temps. Or la plupart des praticiens en manquent cruellement.
Afin de donner un coup de fouet à l’essor du DMP, Jean-Yves Robin suggère que l’Assurance maladie l’intègre aux objectifs qu’elle fixe chaque année aux médecins en contrepartie d’une rémunération forfaitaire.