Anne-Sophie Stamane
Dossier médical personnelEnfin sur les rails !
Tout médecin peut désormais proposer à ses patients de créer un dossier médical personnel (DMP), pour peu qu’il dispose d’un accès à Internet. Mais la priorité reste de tester le DMP auprès de médecins et d’établissements hospitaliers identifiés pour repérer les bugs.
Pour la première fois depuis l’annonce de son lancement, en 2004, le dossier médical personnel (DMP) semble enfin sur le point de devenir réalité. Cet outil, censé rassembler au sein d’un document unique stocké sur Internet les informations et documents relatifs à la santé d’une même personne, est entré en phase de test, après de longues années d’expérimentation et de faux départs (voir notre article).
Mais si, sur le papier, n’importe quel médecin peut aujourd’hui créer des DMP pour ses patients, la manœuvre n’est pas évidente pour qui n’est pas familier des technologies informatiques. C’est pourquoi, avant de passer la vitesse supérieure, l’Agence des systèmes d’information partagés (ASIP) de santé, maître d’œuvre du chantier, vise plutôt des professionnels et établissements hospitaliers déjà rompus à l’exercice, grâce aux expérimentations qui ont déjà eu lieu. Les poids lourds que sont les CHU de Bordeaux et de Strasbourg font partie des élus chargés d’essuyer les plâtres et de repérer les bugs, et l’ASIP Santé ambitionne de mettre à l’épreuve son DMP auprès de trois établissements par région ainsi qu’auprès des médecins et paramédicaux implantés autour d’eux.
Mise à jour des logiciels
À partir d’avril, la généralisation pourra commencer. Son ampleur dépendra beaucoup des éditeurs de logiciels médicaux. La plupart des médecins et hôpitaux travaillent en effet avec des logiciels « métier », auxquels il faut intégrer une fonctionnalité « DMP », faute de quoi remplir le DMP sera trop fastidieux. Il est donc impératif de mettre à jour ces logiciels et d’en équiper les ordinateurs des professionnels de santé.
Pour l’heure, les patients sont un peu sur la touche. La loi prévoit qu’à terme, ils auront accès à leur DMP par Internet, et qu’ils pourront y ajouter des documents dans un espace identifié. Mais cela n’est pas possible dans l’immédiat, car pour entrer dans le DMP, il faut disposer, pour des raisons de sécurité et de confidentialité des données, d’un « identifiant national santé » distinct du numéro de sécurité sociale. Or ce chantier n’est pas encore tout à fait bouclé.
Ouvrir et alimenter un DMP
Un dossier médical personnel ne peut pas être créé directement par le patient. Seul un médecin ou un professionnel de santé peut le faire, grâce à sa carte professionnelle (CPS), qui permet d’authentifier et de sécuriser le dossier. Si le patient donne son accord, la démarche peut être engagée. Elle nécessite, en plus de la CPS, la carte Vitale du patient. Ensuite, à chaque consultation, le patient donne obligatoirement son consentement pour que le professionnel accède à son DMP et l’alimente. La CPS est toujours indispensable pour assurer la traçabilité des ajouts. Le patient peut également accepter que des documents soient ajoutés en son absence (des résultats d’analyse, par exemple).
À terme, en consultant son DMP par Internet, le patient saura qui a consulté et alimenté son dossier. Il lui sera également possible d’intégrer les documents qu’il jugera nécessaires à son suivi médical.