Camille Gruhier
DOM-TOMSFR doit baisser ses tarifs
En juin dernier, Orange Mayotte, Orange Réunion et Outremer Télécom saisissaient coup sur coup l'Autorité de la concurrence pour dénoncer ce qu'ils jugeaient être des abus de position dominante de leur concurrent SRR (filiale de SFR). L'Autorité leur donne raison et contraint l'opérateur à baisser ses tarifs avant les fêtes de fin d'année.
Sur les marchés réunionnais et mahorais de la téléphonie mobile, SRR (Société réunionnaise du radiotéléphone, filiale de SFR) règne en maître. Avec près de 65 % des clients, l'opérateur - le plus ancien sur les deux îles (il y a lancé ses services en 1996) - domine confortablement Orange Mayotte et Orange Réunion (27 %) ainsi qu'Outremer Télécom (8 %). L'injonction qu'il vient de recevoir de l'Autorité de la concurrence pourrait changer la donne. Avant les fêtes de fin d'année, SRR devra lisser ses tarifs pour mettre fin à une situation de distorsion de concurrence avérée.
Du simple au double
Au mois de juin dernier, Orange et Outremer Télécom ont en effet saisi coup sur coup l'Autorité de la concurrence afin qu'elle constate et mette un terme aux pratiques jugées anticoncurrentielles de SRR. L'opérateur, en effet, facture nettement plus cher les appels et les SMS de ses clients lorsqu'ils sont à destination des réseaux des opérateurs concurrents ! À la Réunion, par exemple, les clients de l'offre « Le Compte Liberté » sont facturés, selon la durée du forfait, entre 0,15 et 0,25 euros la minute pour des appels « on-net » (passés vers les autres clients SRR), et entre 0,30 et 0,33 euros pour les minutes « off-net » (vers les clients des autres opérateurs) ! Il faisait même de ces écarts un argument commercial, insistant dans une campagne de publicité sur le fait que bénéficier d'appels « on-net » peu chers était un avantage considérable puisque cela permettait d'appeler 560 000 numéros à La Réunion (sur 800 000 lignes environ à l'époque).
« Effet club » artificiel
Conséquence de cette tarification, l'entretien d'un « effet club » artificiel : « Les consommateurs ont tendance, lors de leur premier achat ou d'un renouvellement, à favoriser SRR, valorisant la possibilité d'appeler et d'être appelé par le plus grand nombre possible de correspondants à un moindre coût. Et les clients de SRR sont incités à restreindre le volume des appels destinés à l'opérateur concurrent et à encourager leurs proches à prendre le même opérateur qu'eux », a estimé l'Autorité. Cette situation, qui ne peut pas être expliquée par des différences de coûts sous-jacents (les écarts de terminaisons d'appels mobiles, des « droits de passage » que se facturent les opérateurs entre eux lorsqu'une communication passe du réseau de l'un à l'autre), est susceptible de marginaliser les offres des opérateurs concurrents. Et donc d'autoentretenir la domination de SRR. L'Autorité de la concurrence a décidé d'y mettre un terme.