Diablo 3Les joueurs vivent l’enfer
Diablo III était l’un des jeux les plus attendus de ces dernières années. Mais depuis sa sortie, le 15 mai 2012, l’enthousiasme a laissé place à la déception et à la colère. En cause, un manque de préparation de l’éditeur Blizzard Entertainment et des mesures destinées à restreindre les droits des joueurs.
Jamais un appel à témoignages n’aura autant déchaîné les passions. En quatre jours seulement, plus de 1 500 utilisateurs ont donné leur avis sur le jeu Diablo III via notre site Internet. Le résultat global aurait pu être positif : la plupart des utilisateurs se disent plutôt satisfaits du graphisme, de l’histoire ou encore de la jouabilité... à condition de pouvoir jouer. Sous prétexte d’apporter des services innovants, l’éditeur du jeu, Blizzard Entertainment, oblige ses joueurs à se connecter à Internet pour jouer à Diablo III, même en mode solo. Problème : les serveurs de l’éditeur supportent mal la connexion simultanée de dizaines de milliers de joueurs. Du coup, il n’est pas rare qu’aux heures de pointe, ces derniers voient s’afficher un message d’erreur leur indiquant que la connexion est impossible ou qu’ils soient déconnectés sans prévenir en pleine partie, perdant ainsi les dernières armes et pièces d’or collectées. « C’est vraiment agaçant de devoir attendre plus de 2 heures chaque soir pour pouvoir enfin se connecter au jeu », se désole Hugo. « Pourquoi n’y aurait-il pas la possibilité de jouer hors connexion ? », se demande un autre joueur.
Blizzard reconnaît les faits et assure avoir « effectué différentes optimisations afin d’aider l’infrastructure à accepter la charge des joueurs ». Mais si les problèmes semblent se raréfier, la connexion reste obligatoire. « Vous voulez jouer à Diablo III sur votre lieu de vacances ? Impossible. Idem lorsque votre connexion ADSL est hors service », constate un joueur. « En plus, à cause des délais de latence parfois trop longs (1), il arrive en mode extrême que mon personnage se fasse tuer sans que je puisse faire quoi que ce soit pour l’éviter, se désole Romain. C’est injouable ! ». Par ailleurs, l’obligation pour les joueurs de s’authentifier sur la plate-forme Battle.net, gérée par Blizzard, empêche toute revente du jeu et génère des inquiétudes pour l’avenir. Qui dit en effet que, dans 10 ou 15 ans, Blizzard ne fermera pas ses serveurs, laissant les joueurs sur le carreau ? Une crainte d’autant plus fondée que, dans ses conditions générales, l’éditeur précise que « le jeu est concédé sous licence et non vendu » (art. 6) et qu’il « s’engage à fournir les serveurs et les logiciels nécessaires pour accéder au service jusqu’à ce que le jeu ne soit plus édité » (art. 11). Dès lors, rien ne dit que les joueurs historiques pourront continuer leur quête.
La sécurité en option payante
L’autre gros souci, c’est le piratage. De nombreux joueurs ont en effet découvert avec inquiétude que leur compte avait été visité et leur personnage dépouillé. Le fait d’être obligé de créer un compte en ligne et de s’authentifier sur la plate-forme Battle.net n’est pas étranger à cette situation. De son côté, Blizzard assure que les cas de piratage ne sont pas plus présents sur Diablo III que sur les autres jeux. Et pour lutter contre ce phénomène, l’éditeur conseille à ses joueurs d’acquérir pour la modique somme de 10 € un « Authenticator », une sorte de clé USB permettant de sécuriser la connexion (l’application pour smartphone est gratuite, mais moins sécurisante). Dur à avaler pour des joueurs qui pensaient à juste titre que la sécurité de leur compte était comprise dans le prix d’origine, soit 59,90 € !
Enfin, dernière grogne en date : des joueurs ont découvert depuis quelques jours que les personnages parlaient désormais en russe ! En cause, une mise à jour diffusée vendredi 8 juin par l’éditeur, de manière à ce que les joueurs ayant téléchargé le jeu grâce à une clé destinée au marché russe ne puissent plus en profiter en français. Une décision d’autant plus étonnante que Blizzard avait indiqué sur ses forums que la langue pourrait être modifiée et que certains distributeurs ont vendu ces clés meilleur marché sans prévenir qu’elles étaient destinées aux Russes.
Des serveurs surchargés aux cas de piratage, les joueurs en ont assez d’être pris pour des vaches à lait. « Dix ans qu’on attendait ce jeu. Tout ça pour ça... », se lamentent certains d’entre eux.
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L’UFC-Que Choisir prend les manettes
Face à l’ampleur de la grogne, l’UFC-Que Choisir a décidé de mettre en demeure Blizzard, demande à l’éditeur de dédommager les consommateurs ayant subi un préjudice et intervient auprès de la DGCCRF pour qu’elle se saisisse de ce dossier. Tous les détails de cette action dans le communiqué de presse de l’UFC-Que Choisir.
(1) La latence est le temps qui s’écoule entre l’action du joueur et la réaction du personnage.