Camille Gruhier
Devialet PhantomUne bonne enceinte beaucoup trop chère
En janvier 2015, Devialet lançait la Phantom, une enceinte Wi-Fi « révolutionnaire » au look détonant, fabriquée en France. Présentée par ses créateurs comme « la meilleure enceinte sans fil au monde », la Phantom a peu à peu construit son mythe en séduisant les audiophiles. Son prix exorbitant de 1 690 € a sans doute contribué à la situer comme un produit d’exception. La qualité sonore est-elle au rendez-vous ? Voici les résultats de nos tests en laboratoire.
Non, la Devialet Phantom n’est pas « la meilleure enceinte sans fil au monde », comme l’autoproclame son concepteur Devialet sur son site Internet. Les 102 brevets dont s’enorgueillit la société n’y changent rien, pas plus que le « procédé absolument révolutionnaire et radicalement supérieur » mis en œuvre pour émettre le son. Pour vanter la qualité de son enceinte, Devialet fait preuve d’un talent certain. L’entreprise créée en 2007 déploie tous les codes du marketing appliqué aux produits de luxe, à commencer par une jolie histoire : celle d’un trio de copains ingénieur-designer-entrepreneur qui, grâce à un premier succès dans l’audio (un amplificateur), parvient à lever 15 millions d’euros auprès des magnats de l’entrepreneuriat français Jacques-Antoine Granjon (vente-privee.com), Xavier Niel (Free) et Marc Simoncini (Meetic). Preuve ultime de son pouvoir de persuasion : en mars dernier, le petit français Devialet a convaincu le géant américain Apple de référencer sa Phantom dans les boutiques Apple Store partout dans le monde, et ce alors même que l’enceinte n’est pas compatible avec le protocole de diffusion sans fil d’Apple, AirPlay !
Une enceinte envoûtante
La Phantom est originale, c’est indéniable. Son esthétique blanche, douce, et ses formes tout en rondeurs la distinguent au premier coup d’œil. Sa conception détonne : les sons mediums et aigus sortent par l’avant de l’enceinte, les graves par des haut-parleurs latéraux qui vibrent de plus en plus fort à mesure que le volume augmente. Devialet commercialise trois versions : la Phantom (750 W, 1 690 €), la Silver Phantom (3 000 W, 1 990 €) et la Gold Phantom (4 500 W, 2 590 €). Nous avons choisi de tester la première. Impossible toutefois d’appliquer à ce modèle notre protocole de test habituel des enceintes sans fil. Les mesures réalisées en chambre anéchoïque ne permettent pas d’évaluer toutes les caractéristiques audio (fréquence de coupure basse, puissance maximum). Nous avons toutefois pu mesurer un taux de distorsion très bas (0,2 % à pleine puissance) et une fréquence de coupure haute de 11 kHz (le fabricant promettait 25 kHz).
À l’écoute, notre jury d’experts a été impressionné par la puissance de l’enceinte et par son excellente dynamique. Mais à enrober l’auditoire dans un rassurant cocon de graves, la Phantom jetterait presque le doute sur ses autres qualités. Le son perd un peu en précision dans le haut médium et dans les aigus. Côté qualité du son, la Phantom en jette. Mais elle ne fait pas mieux que les bons modèles de notre test, notamment la Sony SRS-X99, qui coûte 1 000 € de moins. Et elle souffre d’autres petits défauts agaçants, comme l’absence d’indicateurs LED pour indiquer si elle est allumée, la consommation de 18 W en mode veille, les finitions un peu négligées pour un produit qui se veut haut de gamme (la petite grille qui cache le haut-parleur dédié aux aigus se déclipse trop facilement, le verso des façades métalliques latérales présente des traces de ponçage…) et l’obligation d’acheter un accessoire supplémentaire, le hub Dialog à 300 €, pour lire les fichiers issus des services de streaming Deezer ou Qobuz. Une bonne enceinte, oui. La meilleure ? Non !