
Élisabeth Chesnais
Deux ans après l’obligation d’installer des détecteurs de fumée, personne ne peut dire combien de vies ont été sauvées, pourtant des chiffres très positifs circulent.
La date couperet était fixée au 8 mars 2015. Depuis, tous les logements sont censés être équipés d’un détecteur de fumée. L’objectif est salutaire, il s’agit de réveiller les occupants en cas de départ de feu nocturne pour éviter qu’ils ne meurent intoxiqués par les fumées de l’incendie. En effet, si la grande majorité des incendies se produit le jour, ceux qui se déclarent la nuit sont les plus meurtriers, les victimes mourant intoxiquées dans leur sommeil. Le détecteur de fumée alerte avant qu’il ne soit trop tard.
À en croire le chiffre de deux cents vies sauvées chaque année qui circule dans la presse, le bilan serait déjà très positif. En réalité, il n’a rien d’officiel : il provient d’un syndicat professionnel, la Fédération française des métiers de l’incendie (FFMI). « Ce chiffre est un raccourci un peu abrupt, admet son délégué général Romain Canler, on n’a pas de statistiques mais on fait une veille auprès de la presse locale sur les interventions des pompiers grâce à des détecteurs qui ont donné l’alerte la nuit. On en a recensé deux cents. »
Les statistiques de la Sécurité civile sur 2015 sont moins optimistes. Les incendies d’habitation ont augmenté, le nombre de décès aussi. « Mais il s’agit de tous les feux d’habitation, explique le capitaine Céline Guilbert, en charge de la prévention des risques à la Fédération nationale des sapeurs-pompiers, et la grande majorité des interventions a lieu le jour. On ne pourra mesurer les effets des détecteurs de fumée qu’à long terme. En revanche, au quotidien, les sapeurs-pompiers constatent que des personnes ont pu se mettre en sécurité parce qu’elles ont été réveillées par l’alarme du détecteur. On évite des drames à coup sûr. Il faut impérativement s’équiper si ce n’est déjà fait. »
Mais, selon les témoignages reçus à Que Choisir, il y a trop de déclenchements intempestifs, y compris avec des modèles NF, les seuls recommandables. « Nous sommes plus sollicités qu’avant, reconnaît Céline Guilbert. En cas d’absence, si le détecteur sonne, les voisins s’inquiètent et, dans le doute, on intervient. On préfère être dérangés pour un déclenchement intempestif plutôt que venir éteindre un incendie et trouver des victimes. » Les particuliers, eux, réparent leur porte et se débarrassent du maudit détecteur ! Il reste des progrès à faire en matière de sensibilité des matériels et pour leur entretien.
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Savoir réagir en cas d’incendie
Être réveillé à temps c’est bien mais, si on se précipite dans un escalier ou un couloir enfumés, c’est mortel.
Élisabeth Chesnais
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