Démarchage téléphoniqueLes assureurs toujours pas dans les clous
Le Comité consultatif du secteur financier (CCSF) reconnaît que ses propres recommandations en matière de démarchage téléphonique de produits d’assurance ne sont pas toujours respectées par les professionnels. Il révèle aussi que le recours à la liste antidémarchage Bloctel est rare et que les personnes âgées sont les principales victimes de cette prospection sauvage.
Ils s’étaient engagés à les respecter, mais deux ans après leur entrée en vigueur, certains professionnels du monde de l’assurance ne semblent toujours pas tenir compte des recommandations émises par le Comité consultatif du secteur financier (CCSF) en matière de démarchage téléphonique. Certes, à en croire le CCSF, la plupart des professionnels ont amélioré leurs pratiques depuis 2020. Il semble même que le démarchage téléphonique de produits d’assurances ait nettement diminué, suite à la publication de ces nouvelles règles, mais aussi en raison des mesures de confinement.
Pour autant, la situation est encore loin d’être idéale. Ainsi, contrairement à ce que préconise le CCSF, des courtiers reconnaissent continuer à faire souscrire des contrats dès le premier appel. Certains avouent également ne pas laisser à leurs futurs clients le délai de réflexion d’au moins 24 heures recommandé après l’envoi de la documentation précontractuelle. Idem en ce qui concerne le consentement. Alors que tout contrat devrait désormais faire l’objet d’une signature électronique ou manuscrite, des courtiers persistent à recueillir l’accord oral de leurs futurs clients, voire de récupérer par téléphone les renseignements figurant sur leurs documents bancaires (IBAN notamment). Enfin, le contrat n’est pas toujours déposé dans l’espace client comme cela devrait l’être, toutes les conversations ne sont pas enregistrées et la lettre de bienvenue, que chaque client devrait systématiquement recevoir, est inconnue de la plupart des conseillers financiers.
Bloctel aux abonnés absents
Mais le CCSF fait d’autres révélations intéressantes. La première, c’est que la majorité des courtiers n’utilisent pas Bloctel. Alors que la consultation de cette liste antidémarchage est censée être obligatoire depuis 2016, la plupart préfèrent se passer de cette formalité, a priori pour des raisons de coûts trop élevés. Tant pis s’ils ne respectent ni la loi, ni la tranquillité des Français. La seconde révélation, c’est que les personnes âgées sont les principales victimes de ces agissements. En effet, selon le CCSF, les courtiers en assurance santé sont ceux qui ont le plus recours au démarchage téléphonique, avant tout pour toucher les personnes âgées qu’ils ont plus de mal à faire venir en agence.
L’introduction dans la loi des préconisations du CCSF pourrait toutefois changer la donne et pousser enfin les professionnels à abandonner leurs mauvaises habitudes. On attend la parution d’un décret d’application pour qu’elles entrent réellement en vigueur.