Fabienne Maleysson
CryothérapieUne pratique litigieuse mieux encadrée
Selon un récent arrêt de la Cour de cassation, la technique qui consiste à exposer des personnes à un froid intense ne peut être utilisée que par les médecins et kinésithérapeutes.
Des instituts de beauté, des salles de sport, des boutiques uniquement dédiées à cette pratique : la cryothérapie est proposée dans des structures d’une grande diversité. En exposant les clients à un froid extrême (jusqu’à moins 200 °C), elles promettent aussi bien de leur faire perdre du poids que d’améliorer leur sommeil ou leur grain de peau. Parfois, elles vont plus loin en prétendant pouvoir combattre les douleurs dues à l’arthrose ou à la sclérose en plaques. Or, il n’existe aucune preuve de ces multiples effets bénéfiques, bien que les professionnels invoquent un prétendu consensus scientifique à ce sujet. En 2016, la Food and Drug Administration (l’agence sanitaire américaine) concluait que « les preuves de la sécurité et de l’efficacité de la cryothérapie corps entier sur les maladies qu’elle est censée soulager sont très minces. Que se passe-t-il vraiment dans l’organisme [pendant une séance] ? Nous n’en savons tout simplement rien. » Plus récemment, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale se montrait, lui aussi, très dubitatif.
Blessures volontaires et exercice illégal de la médecine
Pire, cette technique n’est pas dénuée de risques. Un client d’un institut de beauté ayant subi des effets secondaires avec à la clé une incapacité totale de travail d’un mois et demi a attaqué le gérant en justice. Le fondement de la plainte ? Blessures volontaires et exercice illégal de la médecine. L’affaire est arrivée en mai devant la Cour de cassation. Celle-ci a confirmé que, selon l’arrêté du 13 avril 2007, seuls les médecins ont le droit de pratiquer cette technique si elle aboutit à une destruction, si limitée soit-elle, des téguments (en clair, la peau). Dans le cas contraire, les kinésithérapeutes y ont accès. Mais en aucun cas les esthéticiennes et autres « professionnels » à l’affût du bon filon. Professionnels de santé ou non, cela ne change rien au fait que les effets bénéfiques de la technique restent à prouver. Mais au moins peut-on espérer que médecins et kinés prennent les précautions nécessaires pour ne pas faire courir de risques à leurs patients. Le gouvernement a donc désormais les moyens juridiques de faire le ménage dans ce secteur où pullulent les abus en tout genre.