Olivier Andrault
Le point de vue consommateurs
Depuis plusieurs jours, les éleveurs se mobilisent pour dénoncer la faiblesse de leurs revenus. Une crise qui braque une nouvelle fois les projecteurs sur les prix des denrées alimentaires. L’occasion pour l’UFC-Que Choisir de réaffirmer sa position sur le sujet.
Pour l’UFC-Que Choisir, les prix des produits alimentaires mis en rayons doivent refléter fidèlement l’évolution des coûts des matières premières. Une exigence qui vaut particulièrement pour les denrées brutes ou faiblement transformées, le prix des matières premières représentant une part significative du prix final.
Au demeurant, cela reste un vœu pieux… Années après années, l’UFC-Que Choisir constate que, si les hausses des matières premières agricoles sont systématiquement répercutées aux consommateurs, les baisses ne le sont pas toujours… loin de là ! L’exemple du prix du steak haché est à ce titre très parlant.
Selon des données croisées de l’UFC-Que Choisir et de l’Observatoire de la formation des prix et des marges, le consommateur devait, en 2014, débourser 2 € pour un steak haché de 125 g de marque distributeur. Un prix identique à celui constaté l’année précédente. Pourtant sur la même période, l’argent revenant à l’éleveur a plongé par rapport à 2013 de 8 % à 1 €, un montant légèrement inférieur à son prix de revient ! Mais alors comment expliquer que les consommateurs n’aient rien vu de cette baisse ? Ce n’est pas l’industrie qui est ici en cause puisque sa marge brute de 44 centimes a accusé une petite baisse de 1,2 %, mais la grande distribution dont la marge a progressé de 15 % pour atteindre 56 centimes. Alors que l’éleveur perd désormais de l’argent sur son produit… le consommateur quant à lui n’a bénéficié d’aucune baisse !
Face à cette crise agricole, le président de la République et le Premier ministre appellent à acheter prioritairement des produits agricoles français… encore faut-il que les pouvoirs publics nationaux et surtout européens donnent aux consommateurs les moyens de les identifier. Pour permettre aux clients de choisir en toute connaissance de cause, les associations de consommateurs européennes rappellent qu’elles demandent depuis longtemps l’indication obligatoire de l’origine des ingrédients dans les produits transformés (par exemple, charcuteries, plats cuisinés…). Une mesure qui permettrait non seulement de répondre à l’exigence de transparence de plus en plus forte chez les consommateurs mais, également, de contribuer à une sécurisation de la traçabilité.
Pour ce qui est des mentions volontaires existantes faisant référence à une origine française (par exemple, « viandes de France »), l’UFC-Que Choisir rappelle qu’elles ne sont pas en soi des garanties de qualité. En revanche, ces indications vont évidemment dans le sens d’une meilleure information du consommateur.
Arnaud de Blauwe